jeudi 20 mars 2008

16 Mars 1968: On oubliera jamais

Voici un texte paru sur le site Bellaciao.org écrit par Roberto Ferrario. Plusieurs vidéos et images de l'incident sont disponibles sur le site. Il s'agit d'un massacre commis par les troupes américaines au Vietnam et la plupart de ces criminels sont restés impunis, à l'exception d'un lieutenant, qui a fait 3 ans ½ de prison.

"ELLE courait vers les arbres… Elle transportait quelque chose.. J’ai tiré. Lorsque j’ai retourné son cadavre j’ai vu qu’elle avait un bébé dans ses bras. Mes balles l’avaient transpercé. Tout a vacillé dans ma tête. Puis le programme d’entraînement m’est revenu à l’esprit. Alors je n’ai plus rien fait d’autre que tuer. Je leur ai coupé la gorge, les mains, les oreilles. Je les ai scalpés." Ce récit est celui d’un soldat américain qui a participé au massacre de My Lai.

Le 16 mars 1968, vers huit heures du matin, la compagnie Charlie, appartenant à la 11e brigade de la division américaine Americal, entrait dans le village vietnamien de My Lai, dans la Province de Quang Ngai, dans le sud du Viet Nam. Leur chef, le lieutenant William Calley, leur dit : "C’est ce que vous avez attendu, une mission, chercher et détruire."

Au moins 504 civils ont été assassinés en quelques heures : 50 victimes étaient âgées de 0 à 3 ans, 69 victimes étaient âgées de 4 à 7 ans, 91 victimes étaient âgéesde 8 à 12 ans et 27 avaient plus de 70 ans. Ce crime américain contre l’humanité n’a pas eu son Nuremberg. L’armée américaine annonça une grande victoire et la mort de 128 ennemis.

Crime américain contre l’humanité

Le massacre ne fut stoppé que lorsque deux sous-officiers américains Hugh Thompson et Lawrence Colburn en hélicoptère remarquèrent le carnage et intervinrent ordonnant à ses équipiers de faire feu sur leurs compatriotes s’ils poursuivaient d’assassiner plus de civils.

En mars 1969, Ronald Ridenhour, un ancien GI, ayant appris ce qui s’était passé à My Lai, décida d’en informer les autorités américaines, mais les faits ne devinrent publics à partir du 17 novembre 1970 (début du procès), quand le journaliste américain Seymour Hersh publia les premiers témoignages sur ce crime.

Parmi les 26 officiers et soldats inculpés le 5 septembre 1969 pour ce massacre ou pour l’avoir couvert par la suite, seul le lieutenant, William Calley fut condamné le 29 mars 1971, malgré ses affirmations qu’il avait reçu des ordres de son capitaine Ernest Medina de tuer tous les habitants. Selon Calley, Medina lui donne l’ordre de nettoyer la zone de Mÿ Lai en n’épargnant personne. Motif invoqué : le hameau serait un repaire du Viêt-cong.

Medina niera avoir donné de tels ordres et sera acquitté dans un autre procès.
Donc seul le lieutenant Calley fut reconnu coupable de meurtres avec préméditations sur 80 civils qui avaient été réunis sur la place du village et 80 autres personnes qui avaient été réunies dans un fossé et condamné aux travaux forcés à perpétuité et radié de l’armée.

Le 1 avril 1971, 2 jours après sa condamnation, le président Nixon demanda sa libération de prison et son cantonnement au fort militaire de Bennings en attendant l’appel du jugement.
Le 20 août 1971 les autorités militaires réduisirent sa peine à 20 ans
Le 16 avril 1974 le Secrétaire d’état à la défense réduit sa peine à 10 ans.

Trois ans plus tard, le 9 novembre 1974, lors d’un appel que Calley fit auprès d’une cour fédérale pour non respect de ses droits, un juge ordonna sa libération immédiate. Malgré un appel suspensif de l’armée et après plusieurs procédures judiciaires, le lieutenant Calley ne passa finalement que 3 ans et demi aux arréts.

Aujourd’hui, "monsieur" William Calley tient une bijouterie huppée.

L’opinion publique américaine, d’abord émue par les révélations sur le massacre, a, ensuite, majoritairement basculé dans le nationalisme et, "au nom du devoir", acquitté les assassins.

- Roberto Ferrario

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