jeudi 31 janvier 2008

Tout plein de monde à l'UQAC...

La semaine prochaine s'amorcera à l'UQAC la "Semaine des Sciences Humaines" (du 4 au 7 février); tout plein de conférences et d'occasions de se rencontrer sont au programme. À noter, la présence de Francis Dupuis-Déry, professeur de l'UQAM, qui donnera deux conférences Mercredi, le 6 février; l'une de 11h à 12h30 "L'anarchisme face à l'État" au P0-5000 et l'autre de 19 à 21h avec Louis Gill sur l'"Impérialisme et la militarisation de la planète" au BAR-UQAC. Une multitude d'autres conférences sur divers sujets intéressants seront aussi présentées, ouvertes à tou(te)s même non-universitaires.

Lancez l'appel autour de vous.

lundi 28 janvier 2008

90e anniversaire des émeutes de la conscription à Québec (28 mars)



Aujourd’hui comme hier : nous rejetons votre guerre !

C’est en grande pompe que la ville de Québec célèbre en 2008 le 400e anniversaire de sa fondation. Mais au delà des millions dilapidés aux quatre vents, la fête prend une dimension politique. Dans leur programmation, les organisateurs passent évidemment sous silence les 400 ans de colonialisme et de génocide des peuples autochtones qui occupaient ce territoire bien avant Samuel de Champlain. Et bien entendu, on oublie également de parler des luttes menées par la population de Québec contre la domination et l’exploitation.

L’une d’entre elle mérite pourtant d’être soulignée : la résistance contre la conscription de 1918.

Le Canada est alors plongé dans la Première Guerre mondiale. Le gouvernement a envoyé plus de 400 000 hommes sur les champs de batailles. Parmi eux, 60 000 meurent au combat. La propagande militaire canadienne frappe toutefois un mur, notamment au Québec. Les francophones, dans leur immense majorité, rejettent l’enrôlement obligatoire et refusent de défendre l’empire britannique au prix de milliers de vies humaines. Les socialistes proposent la conscription des richesses et font campagne en faveur de la grève générale pour y arriver. À l’occasion, la colère populaire s’exprime avec violence, créant un climat de tension particulièrement intense aux quatre coins de la province. À Montréal, en 1917, des « dynamiteros » font sauter la résidence d’un farouche partisan de la conscription tandis qu’à travers le Québec, des manifestations anti-impérialistes ponctuent les dernières années de la guerre.

Du 28 mars au 1er avril 1918, la ville de Québec est secouée par de violentes émeutes qui opposent pendant cinq jours et quatre nuits plusieurs milliers d’anti-conscriptionistes aux autorités civiles, religieuses et militaires. Suite à l’arrestation par la police fédérale d’un jeune homme dispensé du service militaire, Joseph Mercier, des manifestants attaquent le poste de police de la Place Jacques-Cartier, dans le quartier Saint-Roch. Le lendemain, les émeutiers investissent les bureaux d’inscription militaire situés à la Place Montcalm (aujourd’hui le Carré d’Youville) et brûlent les documents qu’ils trouvent sur place. Deux journaux appuyant la conscription (l’Événement et le Chronicle) sont également attaqués par la foule venue en masse des quartiers ouvriers de la Basse-Ville. Malgré l’arrivée de centaines de soldats venus de l’Ontario, la population n’en démord pas, préférant s’armer pour faire face aux charges des militaires.

C’est le plus haut gradé francophone de l’armée canadienne, le Major-Général François-Louis Lessard, qui prend maintenant le contrôle des opérations pour rétablir « la loi et l’ordre ».

Comme l’explique l’historien Jean Provencher, « cet officier s’y connaît en matière de rébellion ou de soulèvement. On le retrouve à Québec, en juin 1878, alors que l’armée intervient contre des ouvriers grévistes qui “s’adonnent à la violence et au pillage” (1). Il sera décoré pour sa participation à l’intervention armée contre les Métis en 1885. Il dirigera le régiment des Royal Canadian Dragoons en Afrique du Sud, en 1900 et 1901. Il se retrouve maintenant à Québec dans des circonstances quelque peu identiques » (2).


C’est à grand renfort de mitrailleuses que se réglera le soulèvement populaire. Au coin des rues Saint-Vallier et Saint-Joseph, l’armée tire sur la foule, faisant quatre morts. On compte parmi eux trois ouvriers (Honoré Bergeron, Alexandre Bussières, Georges Demeule, qui est âgé d’à peine 15 ans) et un étudiant (Joseph-Édouard Tremblay). Tous habitent le quartier Saint-Sauveur. Au total, plus de 75 personnes sont blessées pendant les troubles, dont plusieurs par balles. Leur nombre exact reste incertain, la plupart évitant de se rendre à l’hôpital où les militaires procèdent à des arrestations. Plus de 2000 soldats prirent part à la contre-insurrection, faisant de cette opération militaire l’une des trois plus importantes sur le sol québécois avec les événements d’octobre 1970 et la crise d’Oka en 1990.

Aujourd’hui, 90 ans plus tard, le Canada est de nouveau en guerre aux côtés des puissances occidentales. Les motifs ne sont guère différents : une fois de plus, il s’agit d’une guerre impérialiste menée au nom de la démocratie et de la liberté. Mais, hier comme aujourd’hui, les peuples ne sont pas dupes. Malgré la propagande incessante, une majorité de la population québécoise s’oppose à la guerre. Si la conscription n’est pas à l’ordre du jour, l’armée redouble d’effort pour recruter les jeunes des milieux populaires et les envoyer mourir au front. Malgré les protestations, le gouvernement conservateur fait la sourde oreille et continue d’aller de l’avant. C’est en notre nom, et avec notre argent, que le Canada fait la guerre.


Cette opposition populaire doit pouvoir s’exprimer! C’est pourquoi nous marcherons le 28 mars prochain pour commémorer le 90e anniversaire des émeutes contre la conscription et pour manifester notre opposition à la guerre en Afghanistan.

Manifestation anti-militariste, Vendredi le 28 marsRassemblement à 17h, devant la bibliothèque Gabrielle-Roy (350, rue Saint-Joseph Est) à Québec.


Notes :(1) L’armée tue pendant cette grève un ouvrier d’origine française, Édouard Beaudoire, que des rapports militaires présentent comme un socialiste qui a participé à la Commune de Paris.
(2) Jean Provencher (1971), Québec sous la loi des mesures de guerre 1918, Montréal, Éditions du Boréal Express, p. 82.

samedi 26 janvier 2008

24 Janvier: Manifestations au Saguenay

Dans le cadre de la Journée Internationale d’actions appelée par le Forum Social Mondial, une manifestation d’environ 40 personnes (très bonne diversité d’âge) a eu lieu à Chicoutimi « contre les politiques des gouvernements qui ont pour effet de diminuer les droits sociaux, d’entretenir un climat de guerre et d’être néfastes pour l’environnement ». Malgré le froid glacial, le groupe a traversé la rue Racine (importante rue de Chicoutimi) de 11h à 12h en répondant des slogans, en distribuant des tracts et en sympathisant avec les passants.

(Format affiche)

C’est sans surprise que les politiciens que l'on voulait rencontrer furent absents de leurs bureaux. Jean Tremblay, dont on a pas mal parlé précédemment, s’est quand même présenté devant nous. On a eu droit une sacré salade politicienne de mots et d’opinions vidé de sens. Un métier qui paie bien : parlementir !

La manifestation était organisée par Solidarité Populaire et le Forum social régional et était effectuée en parallèle avec une autre manifestation à Alma. Là-bas, une cinquantaine de personnes se sont présenté(e)s pour manifester. Selon l’info reçue, ils et elles auraient semé la trouille au bureau du ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn en les (re)prenant par surprise...

Notez que le Forum Social régional 02 s’en vient et se déroulera cette année du 2 au 4 mai 2008 au Cégep de Chicoutimi.

vendredi 25 janvier 2008

Action directe spontanée contre le militarisme !

(Montréal) - lu sur le CMAQ :

"Ce jeudi 24 janvier, une trentaine d'étudiantes et d'étudiants de l'UQAM ont mené une action directe spontanée contre un kiosque de recrutement des Forces armées canadiennes au métro Berri-UQAM. Scandant des slogans qui tournaient en ridicule ceux de l'armée (Combattons le chaos...avec des chars d'assaut !), ils et elles ont paralysé le fonctionnement du kiosque pendant environ trois heures. Sous l'oeil agacé des militaires et des policiers, les protagonistes ont confisqué les documents de désinformation de l'armée avant de masquer le kiosque avec un drap rouge sang et de se livrer à un "die-in" festif.

De nombreux tracts ont été distribué aux passants (dont plusieurs apportèrent leur soutien à l'action), afin de les sensibiliser aux méfaits de la guerre impérialiste que le Canada mène en Afghanistan. À l'heure où les médias "mainstream" glorifient les "héros" canadiens qui tombent comme des mouches, l'armée se livre à une vaste campagne de visibilité visant à justifier sa présence en sol afghan en misant sur la peur. Il est primordial d'aller les confronter afin de dénoncer la présence envahissante de la propagande militaire dans les endroits publics, tout en mettant l'accent sur le caractère illégitime d'une campagne militaire d'agression, complice de l'impérialisme états-unien, qui brise des vies, terrorise la population afghane et monopolise des fonds publics dont les programmes sociaux auraient désespérément besoin (combien de fois pourrait-on payer la gratuité scolaire avec le budget militaire déjà ?).

La campagne contre le recrutement militaire bat son plein partout au Québec, la résistance est fertile !"

dimanche 20 janvier 2008

Quelques minutes d'Histoire

Élisée Reclus(1830-1905), libertaire et géographe, fut l’un des pionniers de la géographie sociale. À travers ses voyages un peu partout sur la planète, il a étudié les relations que les humains avaient avec la nature et comment ils vivaient dans leurs milieux distincts. Du 6 juin au 4 juillet 1889, il a voyagé à travers le Québec et fait part de ses notes dans divers publications, dont les explications du temps restent encore aujourd’hui très intéressantes en ce qui a trait à l’Histoire sociale. Anecdote à part, durant son voyage, il avait d’ailleurs rencontré, à Roberval, un réfugié de la Commune de Paris qui vivait là-bas avec toute sa famille (la famille « La liberté »!).

Je vous fait aujourd’hui part d’un passage très intéressant pour revenir sur les événements de la colonisation de l’Amérique, alors que l’information sur le sujet s’appauvrit pour le « divertissement général », en ces temps de « Québec 2008 ».

Aussi, nos questionnements sont encore importants en 2008, à savoir, si le rôle qui est attribué aux régions ne les réduits pas à leur perte. De vastes étendus du territoire de la région et des bouts de la rivière Saguenay appartiennent encore aujourd’hui à de grandes entreprises étrangères (qui n’ont pas à payer de taxes !). La solution n’est pas de fuir pour la métropole, mais de s’organiser sur des bases populaires et de reprendre contrôle sur nos vies!

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(la citation parle d’abord du 16ième siècle)

« …Le peuplement de la contrée par des émigrants venus de France et d’autres lieux était presqu’impossible, ces longues étendues de côtes et tout l’arrière pays ayant été donnés en monopole à des personnages bien en cour qui n’étaient pas assez riches pour faire exploiter le sol, mais qui voulaient interdire à tous autres d’y faire commerce ou profit. Tandis que la péninsule d’Acadie, la future Nouvelle-Écosse appartenait à M. de Poutraincourt, une dame, Mlle de Guercheville, était censée la propriétaire de toute la Nouvelle France, à l’ouest de la péninsule d’Acadie, et les agents de la concessionnaire étaient autorisés par le roi à pourchasser tous les étrangers ou Français qu’ils rencontraient « dans la rivière plus haut de l’endroit de Gaspé » ; au-delà « tout trafic et commerce » restaient interdits à « tout capitaine, pilote, marinier et autres de la mer océane [1].

C’est ainsi que la colonisation fut retardée et même complètement empêchée pendant un siècle. Partout la foule des pêcheurs dut se contenter d’abris temporaires. Des colons ne purent officiellement prendre possession du sol et fonder des établissements permanents qu’au commencement du dix-septième siècle, en 1604, à Port-Royal de l’Acadie – maintenant Annapolis- et en 1608, à Québec, c’est-à-dire au « Détroit », au dessus du large port que forme la rivière Saint-Charles à son confluent. Mais les quelques immigrants amenés au Canada par Samuel Champlain n’étaient pas même assez ingénieux pour savoir trouver leur nourriture en ces terres fécondes, au bord de ce fleuve poissonneux : quand les provisions envoyées de France venaient à manquer, la famine régnait et le scorbut emportait les colons. En dehors de la vaine recherche de l’or et du commerce des « pelus » ou pelleteries, les nouveau-venus ne connaissaient aucun métier et n’avaient aucune initiative. Il fallut le génie du Parisien Hébert pour inventer le jardinage sur cette terre fertile qui ne demandait qu’à produire. À la pauvreté et à l’incurie des concessionnaires, à l’ignorance des colons, s’ajoute bientôt une autre cause de lenteur dans l’appropriation du sol : ce fut l’intolérance religieuse.

Les immigrants présentés en plus grand nombre, si le gouvernement colonial avait autorisé le peuplement spontané, auraient été les protestants, puisque la plupart d’entre eux étaient persécutés dans la mère-patrie et que, d’ailleurs, le changement de foi, la rupture des liens traditionnels, les dures nécessités d’une existence nouvelle les douaient d’une certaine initiative. En effet, dans les premiers temps, des huguenots, venus surtout de la Saintonge, débarquèrent au Canada. D’abord protégés par l’esprit de tolérance qui avait dicté l’édit de Nantes, ils furent bientôt obligés de quitter la colonie : la pratique d’orthodoxie intransigeante finit par se préciser et l’unité de foi prévalut, au grand profit matériel du clergé, devenu souverain.

Les vrais rois du Canada, desquels dépendaient les gouverneurs aussi bien que les colons, étaient les missionnaires jésuites : toutes les hautes situations leur étaient acquises et les terres les plus riches leurs appartenaient, en même temps que, par la dîme, une part considérable de la propriété des fidèles. À côté de cette aristocratie de la compagnie de Jésus, les franciscains, les frères récollets aux pieds nus étaient tenus pour une sort de plèbe religieuse, bonne tout au plus à convertir les indigènes, avec lesquels elle s’associait volontiers.

Maîtres de la terre, les jésuites eussent voulu également posséder le monopole du commerce et voyaient de très mauvais œil les aventuriers qui s’enrichissaient par le commerce des fourrures. Les ordonnances formelles, sollicitées par eux, défendaient aux « coureurs », sous peine de galères, d’aller chasser à plus d’une lieue de distance. Il en résulta que ces « chercheurs de pistes », obligés de fuir la société policée, allaient vivre chez les Indiens, qui les accueillaient en frères, et que leurs familles, composées de « bois brûlés », c’est-à-dire métis, se résorbaient peu à peu dans la population aborigène.

L’alliance du sang entre les colons français et les tribus de Peaux rouges, »… « fut réprouvée par les directeurs spirituels du Canada comme une pratique immorale, et l’on préféra s’adresser aux prêtres des paroisses françaises pour envoyer des orphelines, de même qu’à la police de Paris pour trouver dans les asiles et les prisons des femmes chargées de maintenir sur les bords du Saint-Laurent la pureté du sang européen. C’est grâce à ces arrivées de personnes à marier que les Canadiens du bas fleuve sont restés Français d’origine authentique [2].
»


[1] Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens français
[2] Benjamin Sulte, Prétendue Origine des Canadiens français

Source : L’Homme et la Terre, Élisée Reclus (1905) – Tome 4, Chap. 13, p.442-445 (puisé sur la bibliothèque numérique Gallica)

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Les principaux colonisateurs de l’Amérique ont diffusé le mythe de la supériorité de leur race sur les autres et de la nécessité de civiliser les autres peuplades, afin de justifier la prise de possession qui s’en suivait. Les européens ont ainsi posé leurs titres de propriété sur les terres d’Amérique(« la Grande tortue »), qui pour les autochtones, n’appartenaient à personne mais que tous et toutes doivent respecter. Je vous laisse sur une question :
Comment est-ce que ce mythe se porte de nos jours ?

Note supplémentaire : À Québec, demain (Lundi, le 21) à 19h, aura lieu au Café-bar l’Agitée (251 Dorchester), une rencontre large sur la possibilité de montrer «l’autre visage du 400e».

samedi 19 janvier 2008

Oups nos alliés pratiquent la torture, une minute on vous censure ça!

Voilà un communiqué de la presse internationale paru aujourd'hui, qui en dit un bout sur la nouvelle politique internationale canayenne :


Torture: Ottawa retire les USA et Israël d'une liste noire

Le ministère canadien des Affaires étrangères a annoncé samedi qu'il retirerait les Etats-Unis et Israël d'une liste de pays où les prisonniers risquent d'être torturés. Il a exprimé ses regrets pour l'embarras causé par la divulgation de ce document.
Les deux pays s'étaient émus d'apprendre qu'ils figuraient sur un document utilisé dans un cours de sensibilisation à la torture donné aux diplomates canadiens. Ce document classait aussi dans la catégorie torture certaines techniques américaines d'interrogatoire.
"Il contient une liste qui inclut à tort certains de nos plus proches alliés. J'ai donné des instructions pour que ce manuel soit revu et réécrit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier dans un communiqué.
"Le manuel n'est ni un document de politique, ni une déclaration de politique. Il ne représente pas l'opinion ou les positions du gouvernement".
Le gouvernement avait par erreur remis le document à Amnesty International Canada dans le cadre d'une action intentée par le mouvement de défense des droits de l'homme contre Ottawa concernant le traitement de détenus en Afghanistan.

SDA-ATS News Service

jeudi 17 janvier 2008

Actions à venir à Chicoutimi et Alma

Le 24 janvier auront lieu à Chicoutimi et Alma 2 manifestations parallèles dans le cadre de la Journée internationale d'action du Forum Social Mondial(qui remplace le forum 2008).

Coupures dans les programmes sociaux, militarisation du Canada, participation à l'agenda de Bush... Ces dernières années ont été (assez) profitables pour les banques et les pétrolières, mais très austères pour les travailleurs et les travailleuses. Prenons la rue le 24 janvier: à Chicoutimi, Rendez-vous à 11h devant la Tour à bière (Fin vers midi).

Pas question de supporter l'Occupation! Fini la parlementerie, à tou(te)s la rue!

dimanche 13 janvier 2008

La lueur grise

La lecture récente du site "la paix ou la guerre", qu'un père a consacré à son fils enrôlé et aux nombreux parents pris dans la même situation, m'a beaucoup fait réfléchir sur la douleur que peut porter cet enrôlement d'un proche. Ayant moi-même vu un de mes amis partir pour l'Afghanistan, j'ai ressentie une nouvelle fois cette impression de tournoiment devant l'absurde, qui glace le sang et pétrit la chaire.

Canadien ou "taliban", un soldat est enrôlé pour obéir et combattre l'adversaire qu'on le somme d'haïr, le jeu politique c'est plus haut, et "pas de leurs affaires". "Kill those scumbags!" affirmait d'ailleurs Rick Hillier, chef d'état-major de l'armée canadienne devant la presse en 2007. Mi-confus, mi-brainwashé; "l'Ordre est un ordre"... On oublit presque que parmi les vestiges de leurs offensives se trouvent les corps étendus d'une Humanité naufragée dans le bellicisme militariste. Le dernier Rapport sur le développement humain (2007) des Nations unies démontre que la situation en Afghanistan s'est encore détériorée faisant chuter le pays au 174 ième rang sur 178, devant seulement 4 pays africains.

La construction d'un monde de paix , qui étancherait la soif de justice sociale des peuples du monde, doit être l'oeuvre de tous et toutes, émancipé(e)s de nos inégalités et sans frontières, et non se voir constamment mis en attente par des gouvernements qui servent de laquais aux grandes entreprises réalisant des profits faramineux derrière les guerres.

Je garde en mémoire le sourire de mon ami, quand nous courrions dans le champs derrière la "p'tite rue", bien qu'on se reverra peut-être jamais. Si la même fougue fleurissait à nouveau dans son esprit - il désobéirait et quitterait les rangs, j'en suis sûr. Hélas peut-être, comme le chantait Ferré "Avec le temps, va, tout s'en va"...

mardi 8 janvier 2008

L’épouvantail Al-Qaïda

Al-Qaïda, comme c’est pratique! À chaque fois qu’un crime est commis, c’est Al-Qaïda. Un homme se tue quelque part dans le désert, et c’est Al-Qaïda. Il pleut, c’est Al-Qaïda. Le réchauffement climatique, c’est encore Al-Qaïda! Sauf que tout bonne enquêteur sait qu’il faut chercher qui profite d’un crime pour espérer trouver le coupable. Et en ce qui concerne le meurtre de Bhutto, c’est bel et bien Musharraf, ce dictateur appuyé par Washington depuis une décennie, qui a le plus a gagner.

En effet, celui-ci se trouvait dans une situation délicate: ses alliés de toujours, les États-Unis, doivent donner l’impression qu’ils appuient la démocratie (même si tout le monde sait que c’est faux) en favorisant le retour de Bhutto au pays et en se montrant en faveur d’élections démocratiques menant à un partage du pouvoir. Alors, puisqu’il est clair que Bhutto est une femme plus populaire que lui, que pouvait faire Musharraf, sinon la faire assassiner?

Et le calcul est plus avantageux qu’il n’y paraît, car en tuant Bhutto, Musharraf - et ses alliés américains - était à même de savoir que cela créerait une commotion dans le pays, alimentant des troubles et des émeutes qui le forceront à annuler les élections prévues le 8 janvier prochain. Bref, Musharraf est gagnant des deux côtés: non seulement est-il débarassé de son ennemie politique, mais en plus il pourra continuer de régner sans partage.

La vitesse à laquelle les États-Unis et le pouvoir pakistanais ont blâmé Al-Qaïda n’est pas sans rappeler les attentats du 11 septembre. Mais est-ce surprenant, quand on sait que les services secrets américains et pakistanais (l’ISI) travaillent dans la main depuis des années, et que l’ISI a aider au transfert de plus de 100 000$ vers les États-Unis juste avant les attentats du 11 septembre, afin de faciliter leur mise en oeuvre?

Je le sais: les bien-pensants vont se coucher tranquille ce soir, l’esprit en paix, convaincus que tout est toujours de la faute à Al-Qaïda, que nous sommes du côté du bien, que nos soldats combattent le mal, que l’administration américaine travaille pour le bien-être de tous, etc. etc. etc.
Car qu’on le veuille ou non, il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Qui refuse obstinément. Qui ne peut pas croire. Qui n’arrive pas à croire à quel point ce monde peut être hideux et tordu.

Publié sur Un homme en colère