mardi 8 janvier 2008

L’épouvantail Al-Qaïda

Al-Qaïda, comme c’est pratique! À chaque fois qu’un crime est commis, c’est Al-Qaïda. Un homme se tue quelque part dans le désert, et c’est Al-Qaïda. Il pleut, c’est Al-Qaïda. Le réchauffement climatique, c’est encore Al-Qaïda! Sauf que tout bonne enquêteur sait qu’il faut chercher qui profite d’un crime pour espérer trouver le coupable. Et en ce qui concerne le meurtre de Bhutto, c’est bel et bien Musharraf, ce dictateur appuyé par Washington depuis une décennie, qui a le plus a gagner.

En effet, celui-ci se trouvait dans une situation délicate: ses alliés de toujours, les États-Unis, doivent donner l’impression qu’ils appuient la démocratie (même si tout le monde sait que c’est faux) en favorisant le retour de Bhutto au pays et en se montrant en faveur d’élections démocratiques menant à un partage du pouvoir. Alors, puisqu’il est clair que Bhutto est une femme plus populaire que lui, que pouvait faire Musharraf, sinon la faire assassiner?

Et le calcul est plus avantageux qu’il n’y paraît, car en tuant Bhutto, Musharraf - et ses alliés américains - était à même de savoir que cela créerait une commotion dans le pays, alimentant des troubles et des émeutes qui le forceront à annuler les élections prévues le 8 janvier prochain. Bref, Musharraf est gagnant des deux côtés: non seulement est-il débarassé de son ennemie politique, mais en plus il pourra continuer de régner sans partage.

La vitesse à laquelle les États-Unis et le pouvoir pakistanais ont blâmé Al-Qaïda n’est pas sans rappeler les attentats du 11 septembre. Mais est-ce surprenant, quand on sait que les services secrets américains et pakistanais (l’ISI) travaillent dans la main depuis des années, et que l’ISI a aider au transfert de plus de 100 000$ vers les États-Unis juste avant les attentats du 11 septembre, afin de faciliter leur mise en oeuvre?

Je le sais: les bien-pensants vont se coucher tranquille ce soir, l’esprit en paix, convaincus que tout est toujours de la faute à Al-Qaïda, que nous sommes du côté du bien, que nos soldats combattent le mal, que l’administration américaine travaille pour le bien-être de tous, etc. etc. etc.
Car qu’on le veuille ou non, il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Qui refuse obstinément. Qui ne peut pas croire. Qui n’arrive pas à croire à quel point ce monde peut être hideux et tordu.

Publié sur Un homme en colère

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