mercredi 24 décembre 2008

Souvenir de 2004: Occupation de l’usine d’Alcan à Arvida

On ne peut plus se cacher la tête sous le sable, on connaîtra durant l’année 2009 des répercussions assez fortes de la crise financière. Selon les experts, les provinces du Québec et de l’Ontario seraient les plus touchées par la crise au Canada, et on peut s’attendre à de fortes mises à pied dans les « régions ressources », étant ce qu’elles sont. Face à cette crise, le gouvernement tentera à coup sûr de refiler la facture aux travailleurs et travailleuses et aux plus défavorisé(e)s de la société. C’est pourquoi je ressors aujourd’hui cette analyse particulièrement pertinente de l’occupation et de l’autogestion de l’usine Alcan par les travailleurs/euses en 2004, exemple frappant de combativité ouvrière face à des patrons et gestionnaires qui ne pensent qu’en terme de compétitivité sur les marchés et de profits accrus. Dernièrement encore, des possibilités de fermeture de l’usine ont été entendu, fermetures qui se pourraient se réaliser malgré les accords en vigueur entre la multinationale et Québec. Preuve de plus pour constater la double justice qui existe pour les entreprises multinationales qui pillent le territoire mais se soucient bien peu de ses habitant(e)s…


" L’occupation de l’usine d’Arvida par les travailleurs d’Alcan est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du mouvement ouvrier québécois. Jean-Guy Girard en fait ici la chronique.

26 janvier 2004 en fin de soirée, les 560 travailleurs des salles de cuves Sodërberg occupent l’usine d’Arvida et reprennent la production de l’aluminium contre la volonté d’Alcan. Ils écrivent une page d’histoire du syndicalisme au Canada : c’est la première fois que des syndiqués prennent le contrôle de leur entreprise pour continuer la production. Même à l’échelle internationale ce type d’action est rarissime. Les syndiqués d’Arvida gagnent ainsi l’adhésion de toute la communauté à leur cause. L’occupation prendra fin le 14 février sous le coup d’une ordonnance de la Commission des relations de travail du Québec qui oblige les travailleurs et le syndicat à « … reprendre le travail normal sous la supervision du personnel cadre d’Alcan ». L’occupation d’usine aura duré 19 jours, gardant en haleine la multinationale Alcan et toute une région. Les travailleurs auront réussi, grâce à leur coup de force, à faire parler de la fermeture dans les médias québécois et même canadiens.

Le 22 janvier dernier, en annonçant sans préavis la coupure de 560 emplois, Alcan a rompu un pacte tacite avec le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Le seul contrepoids à tous les privilèges qu’on lui accorde, à tous les désagréments qu’elle occasionne à cette région, c’est le salaire qu’elle verse à ses travailleurs. En 1984, 12 000 personnes travaillaient pour Alcan au Saguenay–Lac-St-Jean, le 22 janvier dernier, la coupure de 560 emplois représentait 10 % des 6 000 emplois restants. « L’Alcan s’est accaparée l’essentiel de l’énergie hydro-électrique de cet immense bassin hydrographique, elle a noyé les meilleures terres agricoles du Lac-Saint-Jean, a pollué le Saguenay avec du mercure et des HAP. Ces quelques ingrédients du cocktail chimique nécessaire à la transformation de la bauxite en aluminium ont rendu les crevettes de cet immense cours d’eau impropres à la consommation depuis 1970 et mis les bélugas sur la liste des espèces en voie de disparition. Les conditions de travail déplorables chez Alcan pendant des décennies ont permis à Saguenay d’avoir le championnat du plus haut taux de cancer du poumon au Canada et de se maintenir au premier rang pour quelques autres types de cancer dont celui de la prostate. En fermant ses vieilles installations sans les remplacer, elle nous lègue un environnement industriel dégradé. »

22 janvier 2004 au matin, au Saguenay-Lac-Saint-Jean on sait que quelque chose se prépare. Alcan a convoqué la presse à 15h. Des leaders syndicaux, Alain Proulx et Jean-Marc Crevier, deux anciens présidents du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (SNEEA), sont sortis sur la place publique la semaine précédente pour révéler qu’Alcan émettait des signaux à l’effet qu’elle veut fermer ses salles de cuves Sodërberg rapidement, devançant de dix ans le calendrier prévu. C’est finalement un Jean Charest « piégé » qui fera l’annonce en direct de Davos à 13h au sortir d’une rencontre avec Travis Engen, président étasunien de la plus grande multinationale canadienne. Alcan a prévenu la Sûreté du Québec et celle-ci a dépêché en région un contingent d’anti-émeutes : « Après tout, les gars pourraient se choquer ». En fin de journée, la région ressemble à un vieux boxeur en KO technique ; les mauvais coups pleuvent depuis plus d’un an, aucune partie du corps n’a été épargnée. L’année dernière c’était Agropur, le coup avait été asséné par notre multinationale coopérative québécoise qui annonçait la fermeture de Chambord (160 emplois) et s’accaparait 100 millions de litres de lait, détournés pour être transformés dans des usines du centre du Québec ; en décembre c’était Abitibi Consol à La Baie qui annonçait la fermeture « pour une durée indéterminée » de son usine de pâte et papier, jetant à la rue 625 employés, etc. Le dernier coup frappé par Alcan était en dessous de la ceinture mais l’arbitre avait le dos tourné, comme à l’habitude.

23 janvier, en région la réaction est unanime. Même les alliés habituels de l’Alcan, politiciens, éditorialistes et chambres de commerce, y vont de déclarations incendiaires. André Harvey, député libéral fédéral de Saguenay déclare : « Il faut taxer les mégawatts qu’utilise Alcan ». Il se fait même incisif pour un élu : « Le service de relations publiques de l’Alcan est tellement efficace qu’il contrôle les autorités civiles au Canada. Ils ont aussi des contacts dans tous les médias d’information. La preuve c’est que la fermeture des cuves d’Arvida qui touche 560 travailleurs ne fait même pas la une des quotidiens nationaux ». Malgré la colère qui gronde on ne s’attend pas à grand chose de la part du syndicat. Les choix sont limités : boycottage des heures supplémentaires, appel à une manifestation publique… Mais après tout, l’annonce de la fermeture est assortie d’un engagement d’Alcan que les 560 travailleurs seront protégés ; on procédera en grande partie par attrition, retraites anticipées, reclassement, etc. Finalement, les travailleurs qui devraient être les plus touchés s’en tirent plutôt bien. Dans la région, on les considère généralement comme des « gras durs » avec des salaires d’au moins 60 000 $ par année.

26 janvier en soirée sur le plancher de l’assemblée générale la proposition serait venue du P’tit Mario : « Y ont décidé de fermer dix ans à l’avance sans nous en parler, nous autres on prend le contrôle de l’usine. Nous autres on continue à produire, y viendront nous sortir ». Alain Proulx, maintenant président de la Fédération des syndicats du secteur aluminium (FSSA) explique : « Même si on ne fait pas partie de la même centrale, tous les syndicats de l’aluminium sont assis ensemble dans une intersyndicale. La solidarité a été instantanée pour fournir l’électricité, la bauxite, l’alumine, tous les éléments dont on avait besoin pour repartir la production. » En faisant cette annonce d’une manière aussi sauvage, l’Alcan savait qu’elle pouvait s’attendre à tout. « Ce que craignait l’Alcan, c’est que les travailleurs laissent durcir le métal dans les cuves, ce qui les aurait rendues inutilisables. Ils veulent cannibaliser les vieilles cuves, les Sodërberg ce n’est plus bon à Arvida mais ils continue à produire avec ces cuves à Shawinigan et à Beauharnois. »

Samedi 31 janvier, 5 000 personnes marchent dans les rues d’Arvida à Saguenay pour manifester leur solidarité avec les travailleurs et signifier leur colère à l’Alcan. Dans les médias québécois, cette manifestation sera un peu éclipsée par celle organisée la même fin de semaine contre la centrale thermique le Suroît d’Hydro-Québec, qui réunira elle aussi 5 000 personnes à Montréal. À Saguenay, les gens viennent aussi manifester parce qu’ils savent que la fermeture des Sodërberg ne touchera pas que les travailleurs. Pour chaque poste aboli à l’usine on en perdra trois à l’extérieur. Dans le commerce, les services, dans les petites entreprises satellites on sait que si ces emplois ne sont pas remplacés, on assistera à une dévitalisation économique.

La guerre de l’opinion. L’Alcan tient beaucoup à son image. Au premier rang mondial de la production d’aluminium depuis l’acquisition de Péchiney, son image est importante partout dans le monde et accessoirement au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le 22 janvier, Alcan fait deux annonces à Davos. La première, répercutée par Jean Charest qui « scoopait » l’annonce de la fermeture en région. La deuxième, c’est l’annonce d’un prix annuel d’un million $ US pour les groupes environnementaux en développement durable. Serait-ce sous-estimer Alcan que de croire que l’émission de ces deux nouvelles le même jour est le fruit du hasard ? Une recherche sur la Toile avec les mots Alcan et Davos donne des résultats bien différents selon la langue. En français, plusieurs des résultats de recherche font état de la fermeture des usines, en anglais un seul des 30 premiers résultats y fait référence et il s’agit d’un média alternatif.

Pour bien comprendre la situation, il faut savoir ce que représente l’Alcan dans la région. Il y avait 12 000 travailleurs à son emploi en 1984, mais on n’en comptait plus que 6 000 au moment de l’annonce de la fermeture des Sodërberg. La compagnie, qui s’appelait à l’époque Alcoa, est arrivée dans les années 20 à la recherche d’une grande quantité d’électricité à peu de frais. Elle s’est associée avec Duke, un milliardaire étatsunien qui avait acheté les droits hydrauliques sur le Saguenay et le Lac-St-Jean pour une poignée de dollars. La mise en marche de la centrale Isle-Maligne en 1926, le plus grand barrage au monde à l’époque, s’est faite de manière sauvage, au détriment de la classe agricole. On a créé de toutes pièces la ville d’Arvida (du nom du président d’Alcoa à l’époque ARthur VIning DAvis), ville entièrement construite puis contrôlée par la compagnie. Alcan, qui appartint pendant longtemps exactement aux mêmes actionnaires américains qu’Alcoa (A. V. Davis, les frères Mellon, etc.), aurait été fondée pour permettre à « l’entreprise canadienne » de maintenir un cartel de l’aluminium. Alcoa ne pouvait plus le faire parce que poursuivie aux États-Unis pour ses pratiques monopolistiques, en vertu de la même loi selon laquelle on poursuivait Microsoft et Bill Gates ces dernières années. On se demande encore pour quelles raisons Alcan a échappé à la nationalisation de l’électricité en 1962. On se demande encore pourquoi le gouvernement du Parti québécois, avec en tête Jacques Brassard, a renouvelé le bail de la Péribonka pour 75 ans en 1984, sans exiger un plancher d’emplois pour la région.

Pendant le conflit, le député Harvey a estimé à 500 millions $ par année l’avantage comparatif que retire Alcan de sa maîtrise de l’énergie hydroélectrique du Saguenay–Lac-St-Jean. Alcan n’a pas réfuté les chiffres, Margot Tapp, sa porte-parole, se contentant de dire que c’était complexe à calculer. Un des principaux enjeux du conflit est de savoir ce qui adviendra des 200 mégawatts libérés par l’arrêt de production des Sodërberg. « Nous nous battons pour nos enfants et nos petits enfants », ont souvent rappelé les syndiqués. De là leur exigence d’une usine de remplacement, pourtant promise par Alcan pour Jonquière. Mais c’était avant qu’Alcan avale Péchiney et achète 25 % des parts dans Alouette… Les syndiqués dénoncent un petit jeu de coulisses qui ferait sortir ce 200 mégawatts de la région pour produire ailleurs de l’aluminium.

Le syndicat a repris ses négociations avec Alcan pour établir le sort de chacun des 560 travailleurs touchés. « Nous continuerons la lutte, nous avons une responsabilité face aux générations futures. L’Alcan a des contrats signés avec GM. S’ils le voulaient, ils pourraient annoncer demain la construction d’un plan à Jonquière ». Alain Proulx ajoute : « Regardez notre fonds de pension, 1 milliard 200 millions $ et l’Alcan ne veut pas nous dire où s’en va notre argent. Ça ne se passera pas comme ça. En prenant des congés de cotisation, ils nous ont volé 150 millions $, c’est fini ce temps-là. Un des principaux enjeux de cette bataille est le contrôle des matières premières, mais on ne peut pas la faire tout seuls, il faut que ça se déplace sur le terrain politique. Là-dessus, la région a beaucoup de chemin à faire. »

Jean-Guy Girard

Journaliste indépendant, il s’est impliqué dans le lancement du journal À Cause ?, un mensuel régional indépendant tiré à 115 000 exemplaires qui n’a pas réussi à aller chercher suffisamment de publicité pour passer le cap d’une première année d’édition. Il est aussi comédien scripteur avec LA RIA, une troupe de théâtre d’intervention et, enfin, propriétaire du Gîte Almatoit."

Source du texte: Occupation de l’usine d’Alcan à Arvida / par Jean-Guy Girard
À bâbord !, No 04 - avril / mai 2004

mardi 23 décembre 2008

Appel à la solidarité avec Benjamin Nottaway, prisonnier politique Algonquin

Le Chef Benjamin Nottaway a été emprisonné pour 45 jours, sans compter les 2 semaines de détention avant procès, pour avoir manifester pacifiquement sur la route 117 afin que les accords signés de Lac Barrière soient honorés et que le gouvernement respecte la gouvernance coutumière de Lac Barrière.

Cet événement fait partie d'une tendance canadienne dans laquelle des chefs autochtones sont emprisonné(e)s pour s'être tenu debout pour leurs droits autochtones que la constitution reconnait. En Ontario, 6 leaders de la première nation Kitchenumahykoosib Inninuwug (KI) et Bob Lovelace ont été emprisonné pour quelques mois pour avoir manifester pacifiquement. Une décision qui a été renversée en cour d'appel.

Adresse pour envoyer des lettres de solidarité à Benjamin:

Benjamin Nottaway
Hull Detention Centre
P-6, D-3
75 Rue St. Francois
Hull, Quebec J9A 1B4



Plus d'informations:
Mercredi, le 10 décembre 2008

Juge du Québec emprisonne un Chef Algonquin pour deux mois à cause d'une démonstration pacifique : la Couronne demande un an pour envoyer « un message clair » à la communauté appauvrie


Kitiganik/Lac Rapide, Territoire Algonquin/ - Jeudi le 4 décembre un juge du Québec à reconnu le chef intérimaire de la communauté du Lac Barrière Benjamin Nottaway coupable de quarante-cinq jours en prison, en plus des quinze jours déjà servis en détention préventive, pour sa participation dans des blocus pacifiques mis en place pour attirer de l'attention sur les violations des droits de la communauté du Lac Barrière par les gouvernements canadiens et québécois.

La communauté du Lac Barrière demande que le Canada et le Québec s'engagent par écrit à respecter leurs ententes et que le gouvernement canadien mandate un observateur pour agir comme témoin lors de la sélection de nouveaux chefs, en accord avec le Code coutumier de gouvernance du Lac Barrière, et qu'il en reconnaisse les résultats.

« C'est honteux que le gouvernement du Québec préfère me mettre en prison plutôt que d'honorer leurs obligations légales en mettant en œuvre les traités signés », déclare le chef intérimaire Nottaway, un père de six qui passa son vingt-huitième anniversaire en prison jeudi passé. « Pendant ce temps, le gouvernement du Canada continue d'interférer dans nos affaires internes tout en essayant de se laver les mains de tout responsabilité pour cette situation. »

Nottaway a été reconnu coupable de trois chef d'accusation de méfait et de bris de conditions émanant des blocus de mars sur les voies d'accès du lac Barrière et d'un blocus, en novembre, de l'autoroute 117 à l'extérieur de la réserve de la communauté dans le nord du Québec. Un blocus en octobre a été démantelé violement par la police anti-émeute, par l'usage de gaz lacrymogène sur une foule contenant des aînés, jeunes et enfants. Plus de 40 membres de la communauté de 450 ont été chargés pour ces actions.

« Québec a maintenant rejoint l'Ontario, qui emprisonna les chefs de la première nation de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (KI) et des Algonquins d'Ardoch pour une démonstration pacifique. La méthode préférée des provinces pour s'occuper de nos droits semble être l'utilisation de la police et des tribunaux jusqu'à ce qu'on oublie que nous en avons, » avança Marylynn Poucachice, une porte-parole de la communauté qui fut arrêté durant le blocus de Novembre.

L'avocat de la couronne France Deschamps demanda au juge Jules Barrière une durée d'emprisonnement de 12 mois déclarant qu'un « message clair » était requis « pour faire en sorte que [les blocus] ne se produisent plus, que M. Nottaway n'aie plus envie de le faire, de le décourager et de décourager aussi le groupe – puisque M. Nottaway est là avec ses supporters et que tout le monde attend le verdict.» Le juge Barrière pointa que la demande de la couronne était « partiellement illégale », puisque 6 mois est la peine maximale pour des poursuites sommaires. Il était par contre en accord avec Deschamps sur le fait qu'une peine de prison était nécessaire déclarant qu'il était «important de passer dans la communauté un message clair. »

« Le seul message que les gouvernements canadiens et québécois envoient c'est leur volonté de criminaliser notre communauté et de séparer nos familles pour éviter d'avoir à mettre en œuvre des traités créant des précédents et de respecter nos coutumes de gouvernance, » ajouta Nottaway.

La communauté du Lac Barrière veut que le Canada et le Québec fassent respecter les ententes issues de l'accord trilatéral de 1991, un accord de développement durable et de cogestion des ressources, qui avait alors été applaudi par l'ONU et la Commission royale sur les peuples autochtones. Le gouvernement du Canada ne respecte plus l'accord depuis 2001. Le Québec a signé en 1998 un accord bilatéral, mais piétine malgré les recommandations soumises en 2006 par deux anciens ministres, John Ciaccia, représentant particulier pour le Québec, et Clifford Lincoln, représentant particulier des Algonquins du Lac Barrière déclarant que l'accord devrait être mis en œuvre.

Le 10 mars 2008, le gouvernement canadien révoqua la reconnaissance du Chef coutumier Benjamin Nottaway et de son Conseil et a mandaté un groupe d'une faction minoritaire qui, selon le Conseil des aînés du Lac Barrière, n'a pas été choisi dans le respect de leur Code coutumier de gouvernance. Le 2 et 3 mars, des membres de la communauté avaient érigés des blocus sur leurs routes d'accès pour empêcher les membres de cette faction minoritaire d'entrer dans la réserve en anticipant que le gouvernement canadien essaierait de s'immiscer illégalement dans la gouvernance interne du Lac Barrière pour la troisième fois en 12 ans.

En 2007, le juge Réjean Paul, de la Cour Supérieure du Québec, a émis un rapport qui concluait que le groupe reconnu par le gouvernement fédéral, lors du prétendu choix d'un chef en 2006, ne représentait qu'une « tres minorité » qui « ne respecte pas le Code coutumier de gouvernance »[1]. Le gouvernement fédéral a reconnu cette faction minoritaire après avoir mené un autre présumé processus de sélection en janvier 2008, même si, selon le rapport d'un observateur sur lequel se fiait le gouvernement, rien ne « garantissait » que le Code coutumier de gouvernance soit respecté [2].

Le Secrétariat de la nation algonquine, un conseil de bande regroupant trois communautés algonquines dont celle du Lac Barrière, reconnaît toujours le leadership de Benjamin Nottaway et continue de travailler avec lui et son conseil.

-30-

Contacts médiatiques :

Norman Matchewan, porte-parole Lac Barrière : 819 - 435 - 2171

Marylynn Poucachiche, porte-parole Lac Barrière (en anglais) : 819 - 435 - 2113


Notes:

[1] http://web.resist.ca/~barrierelakesolidarity/resources/Rapport_du_Juge_Paul-FR.pdf

[2]http://web.resist.ca/~barrierelakesolidarity/resources/Rapport-Riel.PDF

Source: http://solidaritelacbarriere.blogspot.com/

mercredi 17 décembre 2008

La crise et la corruption sème la colère en Islande

"Depuis le début de l’hiver, l’Islande fait face à la crise économique. Les trois grandes banques d’affaires ont été nationalisées, faisant peser leurs dettes sur les épaules de la population. Les gens ont perdu l’épargne de toute une vie, les prêts ont augmenté et atteignent des taux considérables (et pourtant ils étaient déjà très élevé). Chaque jour du mois de novembre, 200 personnes ont perdu leur emploi et de plus en plus de gens sont confrontés à la menace de perdre leur logement.


Les gens se mettent en colère, certains d’entre eux souhaitent revenir à la "bonne vielle" prospérité, tandis que d’autres, espérons la majorité, se rendent compte du coût réel du capitalisme. De plus en plus de gens se dressent contre la corruption et exigent une nouvelle forme de société - la société de la justice. Mais chaque jour, le gouvernement actuel prouve que son objectif principal est de sauver son cul et ceux de leurs amis. Un prêt du Fonds Monétaire International (FMI) a été accordé, probablement par intérêt pour lui : la privatisation des systèmes sociaux comme la santé ou l’éducation, et la destruction écologique de l’Islande.

Manifestations hebdomadaires

Depuis plus de 2 mois les gens se réunissent chaque semaine dans un parc en face du parlement. Les premières protestations exigeaient que le gouvernement "brise le silence" concernant la situation actuelle. Les gens en avaient assez qu’on ne leur dise pas ce qui se passe et ce que le gouvernement comptait faire à ce sujet.


Mais très vite les gens ont réalisé qu’il ne suffisait pas de demander au gouvernement de prendre la parole, alors les protestations ont pris une autre tournure plus radicale : la démission du gouvernement et de nouvelles élections dès que possible. Le gouvernement a complètement ignoré ces exigences et les gens étaient de plus en plus en colère.

Les anarchistes et autres radicaux de gauche sont venus à la plupart des protestations, mais pas pour protester contre la situation économique, pas pour demander au gouvernement des solutions, pas pour demander de nouvelles élections, pas pour demander à un membre du gouvernement, du Parlement ou de toute autre institution officielle de faire quelque chose pour « résoudre » la crise à laquelle nous sommes actuellement confrontés, mais pour diffuser les idées anarchistes et anti-capitalistes dans la population, analyser les problèmes de l’autorité et du capitalisme ainsi qu’encourager la population islandaise à prendre des mesures directes contre les forces de corruption."

La suite et un long album de photo ici...

dimanche 14 décembre 2008

Sur les émeutes en Grèce

"Zones de turbulences"
Christian Rioux
Le Devoir
vendredi 12 décembre 2008
http://www.vigile.net/Zone-de-turbulences

"Les six jours d’émeute qui viennent de se dérouler au pied du Parthénon peuvent passer pour un événement exotique. Une simple affaire européenne ou grecque sans grand rapport avec ce qui se passe dans le reste du monde. Sous l’oeil étonné des dieux antiques, qui en ont pourtant vu d’autres, la jeunesse athénienne a tenu tête aux policiers pendant six jours en plein centre d’Athènes, dans le quartier d’Exarchia, près de l’école polytechnique.

Les causes de ce soulèvement violent sont nombreuses et tiennent évidemment au contexte politique grec. Maladresses policières et corruption ont miné la crédibilité d’un gouvernement qui ne tient plus qu’à un fil. Mais surtout, les étudiants grecs sont les premiers à exprimer ouvertement leur colère face à une récession qui n’a pourtant encore montré que le bout de son nez. Or, le sort de la jeunesse grecque n’est pas si différent de celui que pourraient bientôt connaître les jeunesses française, allemande, américaine ou même québécoise.

***

Le jeune Alexis, 15 ans, qui a été tué par la balle d’un policier samedi soir, était un fils de bonne famille. Comme toute la jeunesse grecque, il n’avait jamais connu véritablement la crise. La Grèce fait partie de ces pays pour lesquels l’adhésion à l’Union européenne dans les années 80 a représenté le point de départ d’une croissance et d’une modernisation exceptionnelles. Depuis un quart de siècle, malgré des hauts et des bas, la jeunesse grecque n’a pratiquement connu qu’une économie en expansion. La croissance de la Grèce a été l’une des meilleures parmi les pays de l’OCDE et de l’Union européenne.

Avec un taux de chômage de 7 % chez les jeunes diplômés (contre 4,6 % en moyenne dans l’Union européenne), cette jeunesse voit pour la première fois son avenir s’assombrir. C’est la « génération à 700 euros », comme on la surnomme pour souligner la médiocrité du salaire mensuel qui attend les jeunes diplômés à la sortie des universités. Un salaire qui pourrait demain être remplacé par le chômage. Cette jeunesse a aussi le sentiment que les pouvoirs publics se désintéressent de l’éducation et qu’on l’abandonne à son sort. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour imaginer que, demain, la jeunesse de nombreux pays, dont le Québec, pourrait avoir la même impression.

Mon collègue Gérard Bérubé rappelait cette semaine que la dernière véritable récession (classique et non technique) au Québec datait de 1992. La situation n’est pas très différente en Europe. Cela signifie que la génération qui est entrée sur le marché du travail au début des années 90 et qui a aujourd’hui de jeunes enfants n’a pratiquement jamais connu de récession. Elle affrontera pour la première fois l’incertitude économique qu’ont connue les générations précédentes, qui avaient traversé les graves récessions de 1992 et 1982. Qui se souvient que le Québec avait alors connu des taux de chômage de 15 % ?

L’extraordinaire croissance des 16 dernières années avait laissé planer l’illusion que nous en avions fini avec les récessions. Voilà qui explique en partie la panique que l’on sent dans certaines descriptions de la crise en cours. Sur le plan technique, il n’est pas faux de comparer la crise financière que nous vivons à celle de 1929. Mais l’évocation de la misère dans laquelle ont été plongés des millions de gens entre les deux guerres laisse pour l’instant songeur. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de soubresauts. Au contraire, ceux-ci pourraient être d’autant plus importants que les jeunes générations affronteront pour la première fois une situation à laquelle elles sont peut-être moins préparés que les précédentes. Comme pour les étudiants grecs aujourd’hui, l’éloge de la richesse et de l’argent facile qui a jalonné les années 1990 et 2000 leur apparaîtra tout à coup comme un horrible mensonge. Un miroir aux alouettes. Or, il n’y a rien de pire que de se sentir trahi."

vendredi 12 décembre 2008

Il y a bientôt 7 ans, mais on n’oubliera jamais

L’affaire Terry Lalo, c’est l’histoire d’un jeune Innu de 16 ans qui est décédé des suites de blessures graves infligées lors d’une poursuite policière à Sept-Îles le 15 avril 2002 à 4h du matin. Il s’agit d’une histoire encore très douloureuse où une fois de plus des policiers ont pu s’en tirer avec peu de réprimandes après avoir causé la mort d’un individu innocent.

Cette nuit là, l’agent de la Sûreté du Québec de Sept-Îles, Richard Turgeon, au volant d’un véhicule de police, avait entendu plus tôt qu’un vol par effraction avait été commis dans un dépanneur mais il n’y avait pas eu signalement de suspect, ni confirmation. Ayant aperçu, Terry, un jeune autochtone qui marchait bière à la main, l’agent se mit négligemment et sans motifs raisonnables à la poursuite de l’adolescent qui prit la fuite en courrant. L’agent Turgeon le happa alors avec l’auto-patrouille avant qu’il ne puisse s’échapper par un trou de la clôture d’un hôtel. Selon un expert ayant participé à l’enquête de la coroner, la voiture de police aurait par la suite poursuivi sa course et reculé alors que le jeune autochtone se trouvait sous le véhicule, des conclusions que cet expert modifia plus tard lorsque la cause fut portée devant le Comité de déontologie policière.

Pour punir cette négligence ayant causé la mort, le commissaire Paul Monty ordonna en août 2004, une simple suspension sans solde de 60 jours pour le policier Richard Turgeon pour « usage dérogatoire d'un véhicule de patrouille ». L’agent Turgeon fut également transféré à la Sûreté du Québec de St-Tite en Mauricie où il pu recommencer à travailler après la suspension.

Protestant contre cette incroyable injustice, la famille de Terry et leur avocat maintinrent que la peine était trop peu sévère pour un tel crime et que l’agent aurait dû être accusé d’autres chefs d’accusations : « ne pas s'être comporté de manière à préserver la confiance et la considération que requiert sa fonction, abus d'autorité, avoir violé le Code de la sécurité routière et avoir produit un faux rapport d'événement ».

S’en suivit donc une suite de requêtes judiciaires infructueuses qui ont coûté plus de 100 000$ à la famille, de quoi lever le cœur à propos de la double justice qui existe pour les policiers. Deux requêtes en révision judiciaire furent amenées par la famille et leur avocat devant le Comité déontologie policière et toutes deux furent rejetées par Me Mario Bilodeau sans que sa décision ne soit motivée. S’en suivit donc une coûteuse requête en Cour supérieure pour infirmer la décision de Me Bilodeau, mais le policier s’en tira à bon compte.

Un autre fait révoltant de l’affaire a récemment refait surface dans les nouvelles. Deux autres policiers de Sept-Îles, soit le caporal Rénald Cloutier et le lieutenant Jacques Thomassin, avaient tenus des propos racistes envers les autochtones sur les ondes du Centre de télécommunications de la SQ ce même 15 avril 2002. L’agent Thomassin avait alors dit, à propos du sort du jeune Terry, qu’il «ne volera pu» et Cloutier avait affirmé, en parlant d’un détenu autochtone, qu'il «faisait du chiard» pour avoir une cigarette «mais c'est pas grave, c'est un Indien».

En 2004, le comité de déontologie policière condamna Cloutier, qui était maintenant à la retraite, à un an de suspension de ses fonctions d’agent de la paix, en plus de 10 jours de suspension pour l’agent Thomassin. Devant la Cour du Québec, l’agent Cloutier porta par la suite l’affaire en appel en 2006, réussissant à porter sa condamnation à 2 mois. Vers la fin du mois de novembre 2008, la Cour supérieure prit la décision de confirmer la décision prise en 2004 de suspendre l’agent retraité pour un an. Mais voilà que le premier décembre, on pu apprendre que la Cour d’appel avait autorisé les deux policiers à en appeler de la décision. La cause devrait être entendue au palais de justice de Québec au printemps 2009, soit 7 ans après ces événements révoltants.


Que le message soit clair :
De Sept-Îles à Montréal, en n’oubliant pas Athènes et le reste du monde,
PLUS JAMAIS ne tolérons l’impunité policière, les enquêtes bidons et le racisme !
Tant qu’il n’y aura pas de justice, il n’y aura pas de paix !


Pour en savoir plus :
À la demande de la famille de Terry, une page web avait été ouverte pour diffuser une revue de presse sur les événements dans l’espoir que justice soit rendue : http://terrylalo.ift.cx/

L’émission Enjeux sur les ondes de Radio-Canada avait consacré la troisième partie d’un reportage sur l’omerta policière au jeune Terry Lalo. Il est possible de visionner cette partie à l’adresse :
http://radio-canada.ca/actualite/v2/enjeux/niveau2_2153.shtml

Voici où se trouve maintenant le lieutenant Thomassin :
http://www.sq.gouv.qc.ca/poste-mrc-d-avignon-et-de-bonaventure/

Dernières nouvelles :
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archives/2008/11/20081127-120100.html
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/actualites/archives/2008/12/20081201-174418.html


Photo de Terry - Radio-Canada

jeudi 11 décembre 2008

Chef Algonquin emprisonné

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Mercredi, le 10 décembre 2008
http://solidaritelacbarriere.blogspot.com/
*Juge du Québec emprisonne un Chef Algonquin pour deux mois à cause d'une
démonstration pacifique : la Couronne demande un an pour envoyer « un
message clair » à la communauté appauvrie***

Kitiganik/Lac Rapide, Territoire Algonquin/ - Jeudi le 4 décembre un juge du Québec à reconnu le chef intérimaire de la communauté du Lac Barrière Benjamin Nottaway coupable de quarante-cinq jours en prison, en plus des quinze jours déjà servis en détention préventive, pour sa participation dans des blocus pacifiques mis en place pour attirer de l'attention sur les violations des droits de la communauté du Lac Barrière par les gouvernements canadiens et québécois.
La communauté du Lac Barrière demande que le Canada et le Québec s'engagent par écrit à respecter leurs ententes et que le gouvernement canadien mandate un observateur pour agir comme témoin lors de la sélection de nouveaux chefs, en accord avec le Code coutumier de gouvernance du Lac Barrière, et qu'il en reconnaisse les résultats.
« C'est honteux que le gouvernement du Québec préfère me mettre en prison plutôt que d'honorer leurs obligations légales en mettant en œuvre les traités signés », déclare le chef intérimaire Nottaway, un père de six qui passa son vingt-huitième anniversaire en prison jeudi passé. « Pendant ce temps, le gouvernement du Canada continue d'interférer dans nos affaires internes tout en essayant de se laver les mains de tout responsabilité pour cette situation. »
Nottaway a été reconnu coupable de trois chef d'accusation de méfait et de bris de conditions émanant des blocus de mars sur les voies d'accès du lac Barrière et d'un blocus, en novembre, de l'autoroute 117 à l'extérieur de la réserve de la communauté dans le nord du Québec. Un blocus en octobre a été démantelé violement par la police anti-émeute, par l'usage de gaz lacrymogène sur une foule contenant des aînés, jeunes et enfants. Plus de 40 membres de la communauté de 450 ont été chargés pour ces actions.
« Québec a maintenant rejoint l'Ontario, qui emprisonna les chefs de la première nation de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (KI) et des Algonquins d'Ardoch pour une démonstration pacifique. La méthode préférée des provinces pour s'occuper de nos droits semble être l'utilisation de la police et des tribunaux jusqu'à ce qu'on oublie que nous en avons, » avança Marylynn Poucachice, une porte-parole de la communauté qui fut arrêté durant le blocus de Novembre.
L'avocat de la couronne France Deschamps demanda au juge Jules Barrière une durée d'emprisonnement de 12 mois déclarant qu'un « message clair » était requis « pour faire en sorte que [les blocus] ne se produisent plus, que M. Nottaway n'aie plus envie de le faire, de le décourager et de décourager aussi le groupe – puisque M. Nottaway est là avec ses supporters et que tout le monde attend le verdict.» Le juge Barrière pointa que la demande de la couronne était « partiellement illégale », puisque 6 mois est la peine maximale pour des poursuites sommaires. Il était par contre en accord avec Deschamps sur le fait qu'une peine de prison était nécessaire déclarant qu'il était «important de passer dans la communauté un message clair. » « Le seul message que les gouvernements canadiens et québécois envoient c'est leur volonté de criminaliser notre communauté et de séparer nos familles pour éviter d'avoir à mettre en œuvre des traités créant des précédents et de respecter nos coutumes de gouvernance, » ajouta Nottaway. La communauté du Lac Barrière veut que le Canada et le Québec fassent respecter les ententes issues de l'accord trilatéral de 1991, un accord de
développement durable et de cogestion des ressources, qui avait alors été applaudi par l'ONU et la Commission royale sur les peuples autochtones. Le gouvernement du Canada ne respecte plus l'accord depuis 2001. Le Québec a signé en 1998 un accord bilatéral, mais piétine malgré les recommandations soumises en 2006 par deux anciens ministres, John Ciaccia, représentant particulier pour le Québec, et Clifford Lincoln, représentant particulier des Algonquins du Lac Barrière déclarant que l'accord devrait être mis en œuvre.
Le 10 mars 2008, le gouvernement canadien révoqua la reconnaissance du Chef coutumier Benjamin Nottaway et de son Conseil et a mandaté un groupe d'une faction minoritaire qui, selon le Conseil des aînés du Lac Barrière, n'a pas été choisi dans le respect de leur Code coutumier de gouvernance. Le 2 et 3 mars, des membres de la communauté avaient érigés des blocus sur leurs routes d'accès pour empêcher les membres de cette faction minoritaire d'entrer dans la réserve en anticipant que le gouvernement canadien essaierait de s'immiscer illégalement dans la gouvernance interne du Lac Barrière pour la troisième fois en 12 ans. En 2007, le juge Réjean Paul, de la Cour Supérieure du Québec, a émis un rapport qui concluait que le groupe reconnu par le gouvernement fédéral, lors du prétendu choix d'un chef en 2006, ne représentait qu'une « tres minorité » qui « ne respecte pas le Code coutumier de gouvernance »[1]. Le gouvernement fédéral a reconnu cette faction minoritaire après avoir mené un autre présumé processus de sélection en janvier 2008, même si, selon le rapport d'un observateur sur lequel se fiait le gouvernement, rien ne « garantissait » que le Code coutumier de gouvernance soit respecté [2]. Le Secrétariat de la nation algonquine, un conseil de bande regroupant trois communautés algonquines dont celle du Lac Barrière, reconnaît toujours le leadership de Benjamin Nottaway et continue de travailler avec lui et son conseil.
-30-
*Contacts médiatiques *:
*Norman Matchewan*, porte-parole Lac Barrière : 819 - 435 - 2171
*Marylynn Poucachiche*, porte-parole Lac Barrière (en anglais) : 819 - 435 - 2113

mardi 2 décembre 2008

Payez-la de votre peau…

« Als zum erstenmal das Wort “Friede” ausgesprochen wurde, entstand auf der Börse eine Panik. Sie schrien auf im Schmerz: Wir haben verdient! Lasst uns den Krieg! Wir haben den Krieg verdient! »

« Alors que pour la première fois le mot “Paix” était prononcé, un vent de panique souffla sur la bourse. Ils crièrent de douleur : nous avons gagné de l’argent ! laissez-nous la guerre ! nous l’avons méritée ! »

Karl Kraus - Aphorismen - Aphorismes

jeudi 27 novembre 2008

Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste

Le Devoir de philo - Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste (Le Devoir)
Francis Dupuis-Déri, Professeur au département de science politique de l'UQAM
Édition du samedi 09 et du dimanche 10 juin 2007


«À l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre ; il n'est plus», écrivait le philosophe

La philosophie nous permet de mieux comprendre le monde actuel: tel est un des arguments les plus souvent évoqués par les professeurs de philosophie pour justifier l'enseignement de leur matière au collégial. Le Devoir leur a lancé le défi, non seulement à eux mais aussi à d'autres auteurs, de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un grand philosophe. Nous publions ici leur «devoir de philo», dont voici le dernier de la saison.

Au printemps 2007, deux élections présidentielles ont été marquées par des taux de participation très contrastés. En France, environ 85 % des inscrits aux listes électorales ont exprimé leur suffrage. Au Mali, le taux de participation n'était que de 36 %. Quant au Canada et au Québec, si la tendance se maintient, seulement 70 % des adultes inscrits sur les listes électorales voteront lors des prochaines élections. Le taux d'abstention était en effet de 29 % aux élections québécoises du 26 mars dernier, si on ne compte que les adultes inscrits. Lorsqu'on comptabilise l'ensemble des adultes en droit de voter et non seulement les inscrits sur les listes électorales, le taux d'abstention atteint en général 50 % au Canada et aux États-Unis.

La relecture de Jean-Jacques Rousseau peut aider à comprendre ce phénomène, car ce philosophe propose une des critiques les plus acerbes du processus électoral, mis à part, bien sûr, celles des auteurs anarchistes, qu'il précède et annonce.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que des philosophes critiquent le système électoral puisqu'ils se targuent souvent de savoir dégager la vérité par la raison. Or c'est la force du nombre et non de la raison qui fait le résultat d'une élection et la majorité peut se tromper en ce qui a trait au bien et au bon.

Rousseau, dont la pensée n'est pas toujours cohérente à ce sujet, critique pour sa part l'élection non pas en affirmant que le peuple est fondamentalement irrationnel mais plutôt dans le cadre de sa dénonciation de l'élitisme et des inégalités entre les hommes (mâles).

Dans son ouvrage Du contrat social, Rousseau laisse entendre que c'est lorsqu'il cède son pouvoir à des dirigeants par le biais d'élections que le peuple fait preuve d'irrationalité. Évoquant l'Angleterre de son époque, où les hommes pouvaient élire les membres de la Chambre des communes, il explique que la «souveraineté ne peut être représentée», pas plus que la «volonté générale», avant d'ajouter, cinglant: «Le peuple anglais pense être libre; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde.»

Les critiques que propose Rousseau de la représentation politique influenceront de nombreux activistes des mouvements populaires lors de la Révolution française. Ainsi, John Oswald, un Écossais qui se rend en France pour participer à la révolution et s'y faire tuer par des contre-révolutionnaires, signe un pamphlet intitulé Le Gouvernement du peuple, dans lequel il s'approprie les idées de Rousseau contre la représentation électorale. «Être libre, c'est vivre selon sa volonté; vivre selon la volonté d'un autre, c'est être esclave», déclare-t-il.

Il explique ensuite que «la représentation est le voile spécieux à l'ombre duquel se sont introduits tous les genres de despotisme», les uns se prétendant représentants de la lune, les autres du soleil ou des ancêtres, puis finalement de la nation.

Ces prétendus représentants de la nation ne la déclarent souveraine que dans la mesure où elle abdique cette souveraineté à leur profit, qu'elle la leur confie («Voilà le grand secret de la représentation!»). Or, rappellent Rousseau puis Oswald, cette représentation n'est toujours qu'une «fiction» relevant d'une pensée magique et malheureusement héritée du Moyen Âge féodal, d'où nous viennent les parlements institués alors par les rois pour les aider à lever taxes et impôts.

L'abstentionnisme philosophique

La relecture de Rousseau et de ses continuateurs révèle donc que l'abstentionnisme peut se justifier, au nom de la liberté et de l'égalité, dans le cadre de la tradition de la philosophie politique occidentale. Certes, les sciences sociales ont proposé diverses thèses mécaniques pour expliquer l'abstentionnisme dans les régimes libéraux contemporains.

Des études révèlent qu'on retrouve les plus forts contingents d'abstentionnistes dans les segments de la population les plus défavorisés et marginalisés, précisément parce qu'on y sait très bien que les élus, presque tous issus des classes supérieures, ne représentent pas leurs intérêts.

D'autres analyses indiquent que les politiciens eux-mêmes sont responsables du haut taux d'abstentionnisme en raison de la corruption endémique et des promesses non tenues qui minent la crédibilité de l'élite politique.

Pour certains, enfin, il est rationnel du point de vue individualiste de ne pas se déplacer pour aller voter dans la mesure où un vote individuel a un effet infinitésimal, voire nul, sur le résultat global du scrutin.

Au-delà de ces considérations sociologiques, la tradition de la philosophie politique occidentale propose, de Platon à Rousseau, de considérer l'élection comme une pratique aristocratique plutôt que démocratique. Dans son Projet de constitution pour la Corse, Rousseau rappelle ceci: «Quand l'autorité suprême est confiée à des députés, le Gouvernement [...] devient aristocratique.» Des trois types de régimes purs, soit la monarchie (un seul gouverne), l'aristocratie (une minorité gouverne) et la démocratie (la majorité ou la totalité gouverne), l'élection relève bel et bien de l'aristocratie puisqu'elle offre la gouverne à une minorité.

Au Québec, il s'agit même d'une minuscule clique de 125 personnes qui, seules, siégeront à l'Assemblée nationale. Cette aristocratie est «élective» plutôt qu'héréditaire, mais elle reste tout de même aristocratique, selon Rousseau. Si cette aristocratie élue se contentait d'exécuter les lois produites lors de délibérations par le peuple assemblé, ce dernier pourrait encore être considéré comme souverain, donc libre. Mais quand l'aristocratie seule exécute des lois qu'elle a elle-même produites, alors le peuple est esclave. Qu'il choisisse ses maîtres n'y change rien.

Le Directeur général des élections du Québec (DGE) bataille fort pour fouetter l'ardeur des électeurs potentiels. Il a ainsi consacré sept millions de dollars à une campagne d'information auprès des électeurs pour le scrutin de mars dernier au Québec. Au-delà de cette dépense ponctuelle considérable, le DGE produit et propose un ensemble de documents de propagande pro-électorale à l'intention des élèves des écoles secondaires.

Il offre gratuitement, en collaboration avec le ministère de l'Éducation, du matériel pour organiser les élections des conseils d'élèves, soit des répliques à l'identique des urnes électorales, des isoloirs, un Guide de l'électeur et de l'électrice, des dépliants et des banderoles pour convaincre les jeunes que voter est l'acte citoyen le plus important dans lequel réside le pouvoir politique.

Le DGE, qui considère l'élection d'un conseil comme «une activité de formation», cherche à convaincre les jeunes que «l'électeur est l'acteur central du système électoral». Ce discours escamote néanmoins deux réalités banales, soit que c'est l'élu et non l'électeur qui détient vraiment le pouvoir et qu'il existe diverses conceptions plus participatives de la politique et de la démocratie. (Pour une analyse détaillée du discours du DGE, voir mon article: «Les élections de conseils d'élèves», Revue des sciences de l'éducation, volume 32, n° 3, 2006.)

Le DGE a même sommé la coalition abstentionniste «Nous, on vote pas!» de fermer son site Internet (www.nousonvotepas.org). Cette coalition avait été formée à l'hiver 2007 par des organisations anarchistes basées au Québec, soit la Fédération des communistes libertaires du nord-est (NEFAC) et le Réseau anarchiste en milieu étudiant (RAME).

Les anarchistes, qui aspirent à une égalité véritable et fonctionnent en principe sans chef(s) dans leurs propres organisations, partagent une vision très critique des élections, qui impliquent nécessairement des dominants (les élus) et des dominés (les autres).

Le site Internet de la coalition proposait divers documents abstentionnistes, dont des textes classiques et contemporains d'anarchistes critiquant les élections, ainsi qu'un journal intitulé L'Urne, en première page duquel on pouvait lire ce slogan provocateur: «Nous étions dans la rue, le pouvoir tremblait... nous allons voter, le pouvoir est rassuré!»

Or le site contrevenait aux dispositions de la Loi électorale, qui stipule qu'un «électeur ou un groupe d'électeurs doit impérativement obtenir une autorisation» du DGE pour «prôner l'abstention ou l'annulation du vote»! Forcer des anarchistes à s'enregistrer auprès du DGE, voilà un paradoxe politico-bureaucratique qu'aurait apprécié le romancier Franz Kafka...

Quant à Rousseau, il aurait sans doute qualifié l'attitude du DGE de censure illégitime. Rousseau expliquait en effet, toujours dans Du contrat social, que la censure peut être légitime si elle émane de l'opinion publique et correspond aux choix et aux moeurs du peuple. À l'inverse, il serait vain et illégitime qu'une autorité censure des choix ou des comportements qui relèvent de la volonté générale. La censure, dit Rousseau, «peut être utile pour conserver les moeurs, jamais pour les rétablir».

Or le DGE devrait admettre ce qui pour lui est sans doute inadmissible, soit que l'abstentionnisme relève de moeurs politiques communément partagées par 50 % des adultes en droit de voter. En bref, le contingent des abstentionnistes obtient le plus souvent la majorité simple lors des élections, battant en nombre les électeurs du parti élu, qui prétend ensuite représenter l'ensemble de la nation.

Démocratie: liberté et égalité

S'il rejette les élections, Rousseau explique à plusieurs occasions dans son oeuvre que la liberté politique n'existe que lorsque le peuple s'assemble pour délibérer et produire les lois qui le gouvernent. Mais peut-on aujourd'hui vivre en démocratie (directe)?, ripostent les personnes qui espèrent se convaincre, par cette dérobade, que la liberté et l'égalité restent possibles sous le règne d'une aristocratie élue.

Rousseau connaissait bien ce type de réaction: «Le peuple assemblé, dira-t-on! Quelle chimère! C'est une chimère aujourd'hui, mais ce n'en était pas une il y a deux mille ans (à Athènes, par exemple). Les hommes ont-ils changé de nature?» En tout cas, plusieurs d'entre eux ont assurément réduit leurs normes de liberté, et même d'égalité, se croyant libres et égaux alors qu'ils se nomment eux-mêmes des maîtres.

La critique de l'élection de Rousseau est liée à deux idées maîtresses. D'abord, la liberté politique n'est possible que dans de petites entités politiques. Ensuite, elle va de pair avec une certaine égalité économique, laquelle évite «que nul citoyen ne soit [...] assez pauvre pour être contraint de se vendre».

La démocratie sous sa forme directe

C'est ici, particulièrement, que Rousseau annonce les propos des anarchistes abstentionnistes d'aujourd'hui, qui favorisent à la fois l'autogestion et la lutte anticapitaliste. C'est seulement si cette condition d'égalité économique est remplie que «le plus grand bien de tous» devient possible à réaliser, soit une liberté et une égalité véritables. Celles-ci sont inconcevables dans un régime électoral qui produit par définition une inégalité entre des gouvernants et des gouvernés.

Aux yeux de Rousseau -- et les anarchistes d'aujourd'hui ne disent pas autre chose --, il n'y a de démocratie que sous sa forme directe, laquelle d'ailleurs encourage la participation citoyenne bien plus que le processus électoral puisque c'est au fil des délibérations du peuple que la véritable éducation politique se forge.

Contre Rousseau et les anarchistes d'aujourd'hui se mobilisent bien des acteurs sociaux, dont des figures publiques. L'animateur Bernard Derome, par exemple, déclarait sur les ondes de Radio-Canada, le soir des élections fédérales de 2004, que le taux d'abstention «n'est pas très édifiant». Jacques Moisan, l'animateur du débat des chefs de parti lors des élections provinciales de mars 2007, concluait le spectacle en affirmant d'un ton solennel que voter n'est pas seulement «un droit», c'est surtout une «responsabilité».

Plus philosophique, le DGE propose des slogans envoûtants lors des campagnes électorales, comme «Je pense, je vote!» ou «Je m'exprime, je vote!» Voilà qui présente l'abstentionnisme comme relevant de la non-pensée, de la non-expression, du non-être. Relisant Rousseau, un abstentionniste aujourd'hui pourrait toutefois retourner le compliment: «Je pense et je m'exprime, donc je m'abstiens!»

Cette idée ferait écho à Oswald, pour qui «déléguer à autrui le soin de penser pour nous nous fait insensiblement désapprendre à penser tout à fait». Et à Rousseau, bien sûr, selon qui les électeurs incarnent le non-être: «À l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre; il n'est plus.»

mardi 25 novembre 2008

Du sable dans la plaie : les pensionnats autochtones

L’article ci-dessous traitera des pensionnats autochtones, seules écoles auxquelles les autochtones ont été confiné(e)s durant près d’un siècle au Canada. Il témoigne de l’influence idéologique (ici, le colonialisme) qui peut teinter l’organisation scolaire d’un groupe spécifique à l’intérieur de la société.


L’histoire des pensionnats autochtones s’inscrit dans le contexte et les modes de pensée de la colonisation des Amériques, notamment par la France et l’Angleterre. Voyons d’abord quelques faits sur le phénomène. Au Canada, plus de 100 000 autochtones auraient fréquenté ces établissements à partir de 1831. Ils étaient gérés par les communautés ecclésiastiques et devinrent de responsabilité fédérale en 1867 avec l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.

L’Éducation promulguée par ces institutions était faite dans une idée assimilatrice des nations autochtones(« sortir l’indien en l’enfant »), les considérant arriérées. L’idéologie ("humaniste" et religieuse) qui soutenait les visées éducatives des écoles était implicitement raciste imposant la culture dominante (coloniale) comme seule et unique culture véritable et allant jusqu’à considérer les autres peuples de « races inférieures ». Dans ces institutions, communiquer dans les langues autochtones ou entrer en contact avec les communautés leur était totalement interdit. De très nombreux cas de mauvais traitements et d’agressions physiques, sexuelles et psychologiques ont été rapportés.

En 1876, avec la Loi sur les indiens, tous les enfants autochtones devinrent sous la tutelle du gouvernement, déclenchant l’acculturation des peuples autochtones, dont plusieurs vivaient encore pas mal comme ils vivaient traditionnellement. Le choc de la séparation dès le très jeune âge, en plus des mauvais traitements dans les pensionnats autochtones comptent parmi les principaux facteurs du taux très élevé de problèmes sociaux aujourd’hui observables dans les réserves indiennes. Les portes de ces pensionnats ne furent définitivement fermées que durant les années 1970.

Une trentaine d’année plus tard, le 11 juin 2008, voilà que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, après avoir refuser de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits peuples autochtones, a déclaré des excuses officielles pour les mauvais traitements subis par les autochtones dans les pensionnats. L’excuse n’a rien de véritable pour l’Association des Femmes Autochtones du Québec qui dénonce les politiques contradictoires du gouvernement [1]. À l’approche des Jeux Olympiques de Vancouver et en l’occurrence d’un intense mouvement de contestation, particulièrement chez les autochtones qui dénoncent le Canada comme un état colonialiste, il est tout à fait plausible que par ce geste, le premier ministre voulait attirer l’opinion publique en se montrant favorable aux droits des premières nations sans s’engager à respecter ceux-ci.

Maintenant en 2008, je vous invite, pour terminer, à réfléchir à cette question : Avons-nous réellement appris quelque chose de cette histoire ?


Références:
[1] Femmes Autochtones du Québec, « L’Association des Femmes Autochtones du Québec répond aux excuses du gouvernement Harper », [document en ligne] lu le 2 novembre 2008, http://sisyphe.org/spip.php?article3007

jeudi 20 novembre 2008

Menace de squat écartée par le CA de Loge m'entraide

Trois bâtiments scolaires de Chicoutimi risquent d'être prochainement démoli comme l'a annoncé la présidente de la Commission scolaire des Rives du Saguenay durant le mois d'octobre. Loge m'entraide a dès lors proposé la récupération des bâtiments existants en logements sociaux. Un peu plus récemment, des militant(e)s de Loge m'entraide avait proposé de squatter les bâtiments pour en empêcher la destruction. Les deux communiqués suivant en disent plus long.


28 octobre :

« S’IL LE FAUT, NOUS IRONS SQUATTER

AVEC LES AUTRES SQUATTERS POUR ÉVITER

LA DÉMOLITION », S’EXCLAME SONIA CÔTÉ

Devant l’idée de démolir 3 bâtiments scolaires situés dans le secteur de Chicoutimi tels que le Centre Valin, l’Atelier et l’École St-Jean-Baptiste, annoncée par la présidente de la Commission scolaire des Rives du Saguenay la semaine dernière, Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide a demandé le 21 octobre 2008, une rencontre de toute urgence pour récupérer ces immeubles et les convertir en 24 logements sociaux.

Ce qui fait craindre le pire à Mme Côté, c’est le fait de ne pas avoir reçu encore de nouvelle de la présidente : « Le mutisme de la Commission scolaire n’est absolument pas de mise actuellement puisque le temps joue contre nous ! Avouons que cela ne démontre pas un très grand intérêt de la part de la CSRS à sauver ces 3 immeubles d’une démolition qui s’avère presque certaine ! ».

Histoire

Rappelons qu’en juin 2005, Loge m’entraide avait fait des démarches pour acquérir ces 3 immeubles. En décembre 2005, Loge m’entraide a déposé au directeur des ressources matérielles de la Commission scolaire une Étude de viabilité, des Plans et devis, une promesse d’achat de 20 000 $ et une lettre du Maire Jean Tremblay qui offrait son entière collaboration pour aider à fonder ce futur projet de coopérative d’habitation.

Loge m’entraide était alors prêt à enclencher les démarches pour fonder les 24 logements sociaux mais la Commissions scolaire a alors retardé le processus jusqu’en août 2006, permettant ainsi à un autre promoteur d’acquérir ces 3 immeubles pour 75 500 $.

Acheter des immeubles est irréaliste

Pour Mme Côté, une des raisons qui fait que le promoteur a échoué est en lien avec l’offre d’achat amputant dès le départ la viabilité du projet : « Pour réussir à fonder des Coopératives d’habitation, nous devons obtenir une contribution du milieu, c'est-à-dire des partenaires qui acceptent au nom de la lutte à la pauvreté, de se départir de leurs bâtiments à moindre coût sans quoi, les projets deviennent quasi impossible à fonder ! ».

Sonia Côté nomme deux exemples pour venir soutenir cette analyse : « Deux cessions d’immeubles scolaires pour la modique somme de 1.00 $ auront permis à Loge m’entraide de fonder 20 logements sociaux dans l’ancienne école St-Philippe de l’arr. Chicoutimi en juin 2005 et d’en fonder 27 autres en octobre 2008 dans l’ancienne école St-Alfred de l’arr. Jonquière ».

Squatter s’il le faut

Sonia Côté promet de faire tout en son pouvoir pour éviter cette démolition. Elle conclut: « S’il le faut, nous irons squatter avec les autres squatters jusqu’à ce que la Commission scolaire recule devant la démolition »."


11 novembre :

"La menace de squat écartée par le

Conseil d’administration de Loge m’entraide

LÉGALITÉ ET SÉCURITÉ

AU CŒUR DE LA DÉCISION

Après avoir analysé toutes les stratégies pour sauver les 3 immeubles scolaires menacés de démolition dans le secteur Nord de Chicoutimi, les membres du Conseil d’administration de Loge m’entraide ont pris la décision d’écarter la menace du squat.

En effet, en compagnie de la coordonnatrice de Loge m’entraide Sonia Côté, les membres du Conseil d’administration ont tenu une réunion spéciale mardi soir (11 novembre) pour décider oui ou non de mettre à exécution leur menace de squatter les immeubles Valin, l’Atelier et l’école St-Jean-Baptiste pour les sauver d’une démolition certaine.

Quatre raisons ont mené à cette décision

Selon Sonia Côté, voici les 4 raisons majeures qui ont fait en sortes d’en arriver à écarter le squat :

  1. « À court terme, cette désobéissance civile ne donnera pas les fruits escomptés car le temps que nous prendrons à squatter les bâtiments nous ampute pour organiser d’autres actions avant le 21 novembre, jour des soumissions »

  1. « La meilleure stratégie dans ce contexte particulier est d’agir légalement, dans le respect de la loi et de façon pacifique à la fois pour ne pas nuire à la cause et pour éviter que nos militants fassent face à des poursuites criminelles »

  1. « N’étant plus une menace maintenant pour la Commission scolaire, nous croyons que l’argent des contribuables sera plus profitable dans leur coffre que de la dépenser pour payer un gardien jour et nuit »

  1. « En entrant dans un immeuble par infraction, il y a des risques de blessures et la santé de nos militants est trop précieuse pour risquer des conséquences physiques qui pourraient être sérieuses».

Courrier Express à la Ministre de l’Éducation

L’action qui a été privilégiée par les membres du Conseil de Loge m’entraide est de réclamer une intervention immédiate de la Ministre de l’Éducation pour stopper le processus de démolition. Loge m’entraide postera mercredi matin une lettre par courrier Express à la Ministre de l’Éducation pour qu’elle ordonne à la Commission scolaire de stopper les travaux de démolitions malgré les soumissions des entrepreneurs qu’elle recevra le 21 novembre.

Loge m’entraide informera aussi par écrit la Ministre de l’Éducation que cette démolition coûtera aux contribuables plus de 250 000 $. Avec l’expertise d’architectes et du GRT avec qui nous travaillons en partenariat, nous avons la conviction que 2 des 3 bâtiments ( Centre Valin et l’Atelier ) sont des immeubles en bon état puisque dans un cas, la structure est faite d’acier et les planchers en béton, et dans l’autre, cette construction date d’environ 15 ans tout au plus.

Taux d’inoccupation à 1,8 %

Loge m’entraide croit dur comme fer, appuyé par les architectes et les experts dans le dossier, que le Centre Valin et l’Atelier sont des immeubles en bon état et qu’il n’y a aucune raison de les démolir. Sonia Côté: « Dans un contexte où le taux d’inoccupation des logements à Saguenay est à 1,8 % ce n’est pas le temps de démolir mais bien de construire ».

Sonia Côté espère que la Commission scolaire n’a pas l’intention de céder les terrains à des promoteurs privés pour des fins de condos de luxe : « La Commission scolaire doit garder son intention première qu’est de combattre la pauvreté en permettant la construction de logements sociaux sur ces terrains si la démolition s’avère réaliste ». "

mardi 28 octobre 2008

Courte chronologie militante au Saguenay

Ce texte traitera de la dernière année scolaire (d’août 2007 jusque vers juin 2008), mais ne dressera pas une liste exhaustive de tout ce qui a pu se passer au Saguenay (entres autres au niveau des conflits de travail), puisque je n’en sais pas autant. Je tenterai plutôt de partager avec vous près d’un an de luttes sociales pour démontrer qu’il y a bel et bien à faire et que la lutte est possible dans les régions éloignées des grands centres urbains, même celles réputées comme « conservatrices ». La chose donnera un aperçu du climat, qui durant cette année a attiré pas mal d’attention des niveaux national et même, international. Je souhaite préciser qu’il ne s’agissait pas d’une année exemplaire en luttes et je regrette, par manque de connaissances encore, de ne pas pouvoir traiter des dernières années qui ont aussi connues leurs actions radicales et de celle actuelle. Les luttes du PCR (co)-Saguenay puis, le militantisme du CRAC aurait pu être intéressant. Durant cette année, le « blog de combat » « Sag-Lac – Résiste au Militarisme » (http://resistance-02.blogspot.com) a été tenu, duquel je vous présente plusieurs extraits.


Le 11 septembre, à Jonquière, une quinzaine de personnes ont participé à une activité organisée par les Bleuets pour la paix, visant à manifester une opposition au Caucus québécois des conservateurs, un caucus privé qui avait lieu dans un hôtel. Les manifestant-e-s sont entré-e-s avec succès dans la salle où se tenait le caucus et certain-e-s se sont joint-e-s au cocktail particulièrement riche et vieux, débordant du même coup le service de sécurité de l’hôtel. L’action a été suivie par l’expulsion du groupe, en cortège, hors du bâtiment. Des journalistes de différents médias étaient présent(e)s à l’extérieur pour collecter les commentaires de l’organisation pacifiste, qui a créé en 2003 ou avant.

Le 20 septembre, le maire Tremblay, en poste à Chicoutimi (devenu Saguenay) depuis 1997 (11 ans), présente son mémoire à la commission Bouchard-Taylor (sur les accommodements raisonnables) au nom de la population de ville Saguenay. Au nom de la population celui-ci y véhicule des idées révisionnistes, nient les droits sociaux obtenus dans les dernières décennies et prône un retour au confessionnalisme et au pouvoir de la religion dans l’État. Ce mémoire a été écrit par le théologien Jean-Paul Simard et pour rémunérer la production d’un tel document, le maire a prit 10 000$ de l’argent des citoyen-ne-s. Le document réactionnaire est diffusé sur internet et des copies papier sont distribuées internationalement.

1er octobre, près de 200 personnes participent à la séance du Conseil municipal de Saguenay. Un appel avait été lancé par des militant-e-s dans le but de reprocher au maire d’avoir présenté un mémoire au nom de la population lors de la commission Bouchard-Taylor. Au début de la séance, la fameuse prière du maire fut chahutée par la moitié des personnes présentes . Plus d’une vingtaine de citoyen(ne)s ont ensuite prit le micro pour adresser leur indignation au Maire, qui faisait monter la colère de beaucoup par ses bavures. Finalement, le citoyen Paul-Henri Croft demanda aux conseillers/ères municipaux qui n’appuyaient pas les agissements du maire dans l’affaire du mémoire de se lever debout et de s’affirmer. Le citoyen fut expulsé hors du conseil par les policiers présents et le maire décida de clore la séance. Le maire affirmera par la suite aux médias qu’il s’agissait de groupes organisés de militants professionnels.

Le 11 octobre, une manifestation au bureau du ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn a été tenu par le groupe pour le logement social Loge m’entraide et le groupe pacifiste les Bleuets pour la paix sous le thème « Des milliards pour le logement, pas pour l’armement ! ».

Durant le mois d’octobre, lancement d’une pétition par Gabrielle Lavallée, connue publiquement pour avoir été membre de la secte de Moïse Thériault, pour que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse reconnaissent la légitimité de la prière d’ouverture du Conseil municipal de Saguenay. Rappelons que dans la secte de Moïse, le gourou lui avait infligé de nombreuses blessures parmi lesquelles une amputation de l’avant-bras droit à froid et l’arrachage de huit de ses dents avec des pinces. Pour sa pétition, elle trouvera, entre autres, le support de Stefan Jetchick du site intégriste catholique www.inquisition.ca Voir http://www.inquisition.ca/reactions/lavalee_gabrielle.htm

Mi-octobre, L’armée canadienne tiendra des activités inspirées de la formation militaire jusqu’en décembre dans le cadre d’un programme « d’activité sportive et de plein air », dans une école primaire de la région, à St-Charles-de-Bourget. Dans la région, une controverse est suscitée dans les médias par des parents et le groupe pacifiste les Bleuets pour la paix. Aussi, des réactions fusent rapidement du niveau national.

Le 8 novembre, à l’Université du Québec à Chicoutimi avait lieu le matin un kiosque de recrutement de l’armée (lors de la foire d’emploi annuelle) et le soir, une conférence du lieutenant-colonel Jean Trudel. Le matin, quelques militant-e-s rassemblé-e-s décidèrent de voler et de cacher une nappe et une bonne partie du matériel du kiosque des recruteurs pendant qu’ils étaient aller chercher leur café. L’action fut suivie par une séance de tractage aux portes de l’université. Vers midi, les agents de sécurité arrêtèrent deux militants et appelèrent la police. Juste avant que les deux militants soient amenés au poste de police, un appel téléphonique d’un haut placé de l’armée signifia aux policiers de laisser faire pour que l’affaire ne devienne pas politique. Les deux militants furent ainsi libres et sans conditions. Le matériel des recruteurs avait d’ailleurs été retrouvé vers midi.

En soirée, près de 50 étudiant-e-s et opposant-e-s, équipé-e-s d’instruments de bruit, perturbèrent la conférence du lieutenant-colonel, portant sur la mission canadienne en Afghanistan, en faisant un tapage aux portes de l’événement. De l’entrée des participant-e-s à la conférence (15 à 20 personnes dont la moitié étaient des pacifistes) jusqu’à leur sortie(sous escorte policière cette fois), les manifestant(e)s anti-guerre se firent entendre. Un appel collectif à tenter d’entrer dans la conférence lancé parmi les manifestant(e)s mena à une bousculade avec les deux agents de sécurité Garda, qui dès le début poussaient à répétition les manifestant-e-s . Avec succès nous pûmes entrer dans le vestibule menant directement à l’auditorium. Il s’y trouvait justement une table de fer avec des marteaux et des bouts de bois avec lesquelles un tapage infernal pu être réalisés. Des témoins à l’intérieur de la conférence dirent par la suite que le vacarme était fortement audible à l’intérieur. Après cet événement, plusieurs établissements scolaires de la région refusèrent la venue de militaires par crainte que celle-ci se reproduise. Étienne David-Bellemare, un des manifestants, critiqua l’agressivité et la violence des agents de sécurité dans une lettre publiée dans le journal Le Quotidien.

Quelques jours après, sur la place publique du Cégep de Chicoutimi, à côté d’un kiosque de recrutement de la GRC, diffusion de tracts d’information sur les événements à Montréal (brutalités policières envers les étudiant-e-s en lutte et initiative de l’Université populaire à Montréal (UPAM)).

15 novembre, manifestation étudiante nationale à Montréal organisée par l’ASSÉ. Le Comité Gratuité scolaire de l’UQAC a prévu un autobus pour le transport et une banderole « Sag-Lac Contre-Attaq » réalisée collectivement par les intéressé(e)s, la veille, sur la place publique. Les associations de sociologie et anthropologie et de sciences politiques et coopération internationale de l’université étaient en grève pour la journée.

Le 24 janvier, Journée internationale d’action organisée par Solidarité Populaire et le Forum Social Régional 02 et appelée par le Forum Social Mondial. Dans la région, des manifestations ont eu lieu à Alma et à Chicoutimi « contre les politiques des gouvernements qui ont pour effet de diminuer les droits sociaux, d’entretenir un climat de guerre et d’être néfastes pour l’environnement ». À Chicoutimi, les politiciens, que devait rencontrer cette marche (de près de 40 personnes) sur la rue Racine, n’étaient pas présents à leur bureau, mis à part Jean Tremblay, qui nous a livré toute une salade de positions contradictoires avec d’autres de ses déclarations publiques. À Alma, une cinquantaine de personne ont manifesté et ont, entre autres, pri(se)s par surprise les employé-e-s du bureau du ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn en y entrant à deux reprises.

Du 4 au 7 février, « Semaine des Sciences humaines » à l’UQAC. Une variété de thèmes liés au domaine sont présentés dont l’Anarchisme (« L'anarchisme face à l'État» de Francis Dupuis-Déry), le mouvement étudiant, les autochtones, les droits des femmes en plus d’un panel de Louis Gill et Francis Dupuis-Déry sur « Impérialisme et militarisation de la planète ».

Le 8 février, début de la grève générale illimitée à l’usine Scepter de Chicoutimi. Ce n’est qu’au mois de septembre de la même année que les travailleurs ont pu s’entendre avec les employeurs, sur un nouveau contrat de travail comprenant des augmentations salariales de 25,5% sur 6 ans et plusieurs avantages. Rappelons que la grève des travailleurs de l’entreprise dont la possession est américaine a été très ardue et qu’il y a même eut menace de fermeture durant l’été. Malgré cela, les travailleurs ont refusé les offres patronales insuffisantes jusqu’à ce nouveau contrat, considéré par plusieurs comme une victoire.

Le 12 février, dans le dossier de la syndicalisation du Walmart de Jonquière et la fermeture sauvage de la multinationale, la Cour d'appel vient de donner raison à Walmart sous le prétexte que l'employeur pourrait fermer boutique quand il le veut. Cette décision survient après que les travailleurs/euses aient obtenu gain de cause pour "non-respect du code du travail" auprès de la Commission des relations de travail en 2005 et de la Cour supérieure.

Le 12 février, Pierre Demers publie l’article « Graffitis au Saguenay » dans L’Aut’Journal, qui fait état de graffitis se multipliant et dont certains agaceraient les élus locaux et les commerces pour leur côté politique. L’article cite en particulier « Le maire suce l’Alcan » qui se retrouve à divers endroits dont des barrages et au centre-ville. Aussi, la ville aurait investi des milliers de dollar en 2007 pour faire effacer des « graffitis politiques anarchistes » sur la petite maison blanche. Voir http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=601

Le 21 février, le Comité gratuité scolaire de l'UQAC et tout un contingent "Sag-Lac Contre-attaq" participe à une manifestation nationale à Québec organisée par l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante pour le droit à l’Éducation,.

Le 3 mars, à la rencontre du Conseil municipal de Saguenay, un porte-parole des Bleuets pour la paix a fait une déclaration demandant au maire Jean Tremblay, qui était alors près de son départ pour Jérusalem, en territoire occupé par Israël, à l’occasion d’un colloque sur les défis des grandes villes de la planète, d’être un « Pèlerin de la paix » et lui a remis un drapeau de la paix signé pour qu’il le remette à son tour aux autorités israéliennes au nom des saguenayen-ne-s.

Le10 mars, à Chibougamau, début du blocage de la route 167, « La porte du Nord », et grève des travailleurs de l’usine Chantiers Chibougamau. Le barrage empêcha les véhicules lourds et les sous-traitants, bloquant la construction du barrage d’Eastmain 1A, mais laissa passer les simples passant(e)s.

Fin mars/début avril, le Collectif de Résistance Anti-Capitaliste – Saguenay (CRAC) réapparaît publiquement. Le CRAC est, dans ses propres mots, « une organisation non hiérarchique réunissant des individus qui partagent une unité politique face à la nécessité de s’opposer au système économique capitaliste actuel ».

Du 2 au 4 mai, s’est tenu le 3ième Forum Social Régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean (FSR-02) au Cégep de Chicoutimi. Tout près de 200 activités (conférences, ateliers de discussion, table-rondes, expositions, spectacles, Forum des enfants,…) sur une variété de thèmes figuraient au programme des trois jours.

Le 15 mai, la Commission sur les droits de la personne et de la jeunesse tranche dans le dossier de la prière au Conseil municipal de Saguenay en affirmant qu’elle n’y a pas sa place. Voir http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Mai2008/15/c8814.html

Vers le 28 mai, syndicalisation des 400 assistant(e)s d’enseignement de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Le 1er juin, à Québec : Table-ronde des groupes anti-guerre à laquelle participent des membres du CRAC et des Bleuets pour la paix.

Le 28 juin, les membres du groupe Loge m’entraide et quelques sympathisant-e-s se sont rendu à bord d’un autobus à la manifestation nationale du Camp des 4 sans.

Le 3 juillet, le CRAC et les Bleuets pour la paix sont signataires et ont organisé un transport pour la manifestation contre le défilé militaire dans les rues de Québec alors que le maire Labaume avait alloué un « droit de cité » à l’armée pour sa journée de fête des 400 ans de présence coloniale à Québec.

Le 14 octobre dernier, le candidat bloquiste du compté de Manicouagan, compté voisin au mien, Montmorency-Charlevoix-Haute-Côte-Nord, aurait été élu malgré un très faible taux de participation aux élections, soit 48,5%. Quoi qu’il en soit, le système politique officiel a tout de même mis en place le candidat comme représentant au Parlement des habitants et habitantes du compté. Pour qualifier ces abstentionnistes, j’entends déjà les préjugés de paresse et d’irresponsabilités sur le bout de vos lèvres… mais il faut le rappeler, l’abstention y a été majoritaire et il y a lieu de se demander ce qui peut faire en sorte que les gens s’intéressent si peu aux chefs qui, je dis bien en principe, devraient les représenter. De plus, force est de reconnaître que le phénomène n’est pas isolé au « grand centre » de notre région puisque le plus haut taux d’abstention depuis la création du Canada (1867!) a été obtenu à l’échelle du pays.


Des raisons insignifiantes pour ne pas aller voter? Pas tant que ça! Dans les faits, les gens affirmaient dans une grande proportion un sentiment d’abandon face aux problèmes économiques, sociaux et politiques qui les touchent réellement. On ne parle pas ici de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta ou de la suppression de taxes pour les grandes entreprises richissimes! D’autre part, on entendait aussi certains de nos proches parler de candidats et de candidates qui semblaient davantage jouer une « game », à la loft story, que quoique ce soit d’autres.


En définitive, en y réfléchissant, on pouvait très justement se demander si le vote pouvait véritablement renverser la tendance à l’enrichissement des plus riches aux dépends des plus pauvres de notre société. Certain(e)s choisissaient plutôt d’offrir leur confiance à des candidats assurés à l’avance d’être dans l’opposition, en dépit du faible contrepoids (et encore, quand il existait…) que ceux-ci ont pu amener, dans les années passées, face aux politiques de Harper et ses lobbies favoris.


À travers ma réflexion, j’ai finalement opté pour ne pas participer aux élections et d’ajouter ma voix à la vie politique d’une autre façon… En joignant les luttes sociales menées dans mes milieux de vie (études, région, travail, logement, …) afin d’améliorer, directement avec la collectivité, nos conditions de vie et de résister aux tendances politiques réactionnaires de chefs populistes de droite notables. La voici, la voix qui me semble pouvoir réellement changer les choses.

mercredi 1 octobre 2008

La lutte continue... consultez l'actualité du blog du CRAC et informez-vous comment vous pouvez vous y impliquer.

Longue vie au CRAC-Saguenay!

Une chronologie de lutte de l'année scolaire 2007-2008 sera probablement prochainement posté sur SagLac-Résiste, en conclusion finale.

lundi 15 septembre 2008

18 septembre: Ligne de piquetage devan t le centre de recrutement de l'armée à Chicoutimi

Dans le cadre de la journée pan-québécoise d'actions contre la
propagande de guerre, le CRAC Saguenay vous invite à participer à une
ligne de piquetage qui se tiendra devant le centre de recrutement de
l'armée canadienne à Chicoutimi(12:30, 345 rue des Saguenéens, transport
disponible à partir de l'UQAC: rendez-vous à 12:15 à la porte est du
pavillon principal).

La journée d'événements marquera le lancement de l'édition 2008-2009
de la campagne Opération Objection. Démontrons aux militaires qu'ils
n'ont nullement l'appui de la population et que l’opposition à leurs
activités de propagande et de recrutement est très active au Québec.

L'armée canadienne est présentement dans une période d'expansion
fulgurante. En dollars ajustés, le budget militaire est à son plus haut
niveau depuis la Seconde Guerre mondiale et il continue à s'accroître.
Notre société se militarise : les investissements dans le secteur de
l'armement et les campagnes de relations publiques et de recrutement se
multiplient à un rythme effréné.

Mobilisons-nous contre cette militarisation !

CRAC Saguenay
infos: cracsaguenay@hotmail.com
cracsaguenay.blogspot.com

samedi 13 septembre 2008

Décisions économiques d'un autre âge

Serge Genest,
Citoyen de Québec

Comment ne pas s’interroger sur le jugement, les compétences, sans compter les intérêts de nos dirigeants politiques d’implanter un site de transbordement et d’acheminement du gaz naturel liquéfié à Lévis, alors que les refus de telles installations se multiplient sur la côte est des États-Unis et sur la côte ouest du Canada? Il faudra également acheminer ce gaz jusqu’aux États-Unis par des conduites qui transformeront le paysage physique et social (par exemple, les expropriations, la multiplication de mesures de sécurité) sur des kilomètres de façon beaucoup plus marquée qu’on ne le mentionne présentement. D’ailleurs, ce qui vaut pour le gaz vaut aussi pour le pipeline qui doit acheminer le pétrole des installations d’Ultramar, aussi à Lévis, vers la région de Montréal.

L’exploitation de nos ressources naturelles, particulièrement la forêt, l’eau et les mines, sans autre planification que le maximum de profits pour les compagnies transnationales demeure à l’ordre du jour. Pourtant, la dévastation de nos forêts pendant tout le 20e siècle, les récents déversements du pétrole à la raffinerie Ultramar, celui d’Alcan-Rio Tinto au Saguenay, le déplacement d’une partie d’une ville de l’Abitibi pour permettre l’exploitation de mines devraient inciter les dirigeants politiques à abandonner ces orientations dignes d’un autre siècle.

Politiciens et entrepreneurs de tout acabit refusent à l’évidence de sortir des modèles et des activités économiques qui ont fait florès chez nous au 20e siècle. Ils continuent de vendre le Québec comme un vaste espace de ressources natuelles qui ne demandent qu’à être exploitées. Les milliards de profits qu’on fait miroiter ces jours-ci dans l’éventualité où le Québec vendrait son eau douce constituent un bel exemple de cette indécrottable façon de penser. Les véritables enjeux liés à la mondialisation, tels qu’ils se présentent maintenant et le feront tout au long du 21e siècle, sont alors complètement occultés. Dans un tel scénario, non seulement le Québec demeure un paradis pour les entreprises énergivores, mais il offre maintenant en prime les caractéristiques de ces régions intermédiaires instrumentalisées par le capital transnational pour supporter les risques environnementaux et sociaux que d’autres repoussent avec force.

Comment ne pas être cynique lorsqu’on apprend que les défenseurs à tout crin d’un projet comme Rabaska, son directeur d’une part, peut-être la mairesse de Lévis d’autre part, sont invités à quitter le bateau, pour relever de nouveaux défis, comme on dit? Qui se souviendra de ces décideurs et du petit cercle d’entrepreneurs qui gravitent autour de ce projet maintenant lorsque, dans quelques années, il faudra en affronter les effets environnementaux et sociaux? Les expériences passées sont volontairement ignorées.

Comment ne pas être irrité devant le mépris des dirigeants politiques qui, sans sourciller, font valoir la création d’emplois liée à ces projets, alors que ces gens savent pertinemment qu’au mieux quelques dizaines de postes seront à combler une fois les infrastructures installées?

Les autorités politiques et les financiers qui les supportent n’hésitent pas à utiliser tous les moyens disponibles pour vaincre les résistances. Ils comptent également sur la résignation de la population pour mener à bien leurs entreprises. Seule la vigilance citoyenne peut aider à débusquer et à dénoncer ces manoeuvres et ces jeux de coulisses. Refuser de se laisser enfermer dans le cynisme. Refuser la résignation.

Source: Le Soleil

mercredi 10 septembre 2008

Forum du réseau néo-nazi Blood & Honour hacké

Un texte d'Antifa-Montréal :

"Un groupe d'antifascistes allemands a récemment réussi à hacker le forum sécurisé de l'organisation Blood & Honour, un réseau de néo-nazis d'envergure internationale. Ce faisant, ils ont réussi à copier le contenu intégral du forum, incluant toutes les discussions, messages privés et photos contenues dans le forum de presque 32 000 utilisateurs. Les données ont ensuite été postées un peu partout sur internet. Actuellement, on peut les obtenir soit par torrent ou téléchargement direct.

Évidemment, on sait depuis longtemps que les forums de néo-nazis sont principalement le théatre de chicanes et de guerres intestines entre individus et groupes racistes. Par contre on sait aussi que c'est souvent sur ces forums que ces tristes personnages se rencontrent et s'échangent de l'information. Des individus auparavant isolés se retrouvent entre eux, forment des groupes d'amis et même parfois, d'action.

Une analyse préliminaire des données contenues dans le forum dévoile bon nombre d'individus néo-nazis actifs dans diverses région du Québec, du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Montréal, en passant par Québec et Saint-Jean. Difficile d'en savoir beaucoup plus puisque la vaste majorité de ces individus sont très avares d'échanger des renseignements personnels, témoignant des suspicions omniprésentes dans les échanges. Mais, évidemment, il y a toujours de incrédules pour poster leur date de naissance, nom ou numéro de cellulaire!

Quoique Blood & Honour soit principalement actif en Europe et en Grande-Bretagne, on dénote plusieurs individus de la région de Montréal parmi les membres du forum. Ils s'en servent pour établir des contact et s'inviter à des rencontres :

Tu a dit que tu voulait commencer un recrutement pour B&H au Quebec, est-ce encore en marche?
"Recrutement pour BLOOD and HONOUR/Combat 18-Strikeforce 28 Mtl. Pour info veuillez écrire à: [email]"
Je reste au Nouveau-Brunswick et jaimerai en savoir plus.
-Derek

Cependant, ça ne s'arrête pas là. Ils se servent ensuite de ces contacts pour organiser des attaques, comme en témoigne ce message privé envoyé à une néo-nazi de Montréal reconnue, Tara Dribnenki, en 2006 :

Hello. We have not talked for a long time ( I think you blocked me, not sure...). Well I wondered if you know any1 in Montreal that would like to make random attack against blacks, in Hochelaga-maisonneuve at 7:30 PM. We are suppose to be 5 minimum, and maximum 10, thats why we need more people.

Ou encore celui-ci :

salut je m'adresse a toi parce que jai vue une discution ou tu donne un pm a oakson je veu savoir la meme chose si il y a des patriot actif au quebec ons es deja queque membre dans notre gang mais je veut briser un regroupement d'indien et clairer les quelque imigrer de mon coin avant que sa empire alors si tu conais jaimerais savoir merci restons fort pour toujours dans les pire moment !! :ll p.s la place au quebec ses le lac st jean :cool:

Mais les violentes intentions ne se limitent pas à des attaques racistes. Outre les militants et militantes anti-nazi (ARA, SHARP, etc.) à qui ont souhaite les pires tortures et la mort à tout coup, les regroupements de défenses d'immigrant et immigrantes figurent parmi les cibles légitimes d'attaques, selon cette discussion :

Here is what I read in a newspaper, the 24 Heures - 20 Avril 2006, page 4
english summary after the text

Des appuis pour les sans-papiers
Solidarité sans frontières et quelques autres groupes de défense des droits des immigrants montréalais demandent une amnistie pour tous les sans-papiers du Canada. Une manifestation aura lieu le 27 mai sur le coup de midi a partir du carré Phillips dans le centre-ville. Les marcheurs se rendront vers les quartiers de Parc-Extension et Cote-Des-Neige(negre!). Les organismes réclament la regulation de toutes les personnes sans papiers, la fin des déportation et des détention des immigrants et réfugié et l'acces des certificats de sécurité. Selon l'organisme, il y aurait 40 000 sans papiers dans la région de Montreal.

A little summary in english : The may 27, illegal will riot with a lot of other ``legal` immigrant and all the hippy communist. This has been organized by Solidarité Sans Frontieres. There is about 40 000 illegal in Montreal only.

Do you know if there will be a counter-riot like in the USA?

Si on pouvait arreter de se chier sur la tête,on pourrait peut-être aller leur lancer quelques briques non? Perso,je suis partante pour y être,avec 2-3 autres,s'il y a quelque rassemblement,si petit soit-il.

im ready to go if anyone will join, I'll talk to some people.Time to act

si qqun veu venir foutre le bordel moi pi une coupe dautre personnes on y va deja..... juste a menvoyer un mp ou un email

Difficile de nier, à la lumière d'exemples aussi frappants, que les gangs de néo-nazis sont un fléau contre lequel on doit se défendre. On se demande bien aussi qui peut bien continuer d'affirmer que les anti-fascistes sont les responsables des violences dans notre quartier... Et ce ne sont que des exemples d'échanges sur un forum internet! Imaginez seulement ce qu'ils doivent se dire et s'imaginez quand ils et elles sont entre eux!

Pour conclure, nous saluons nos camarades anti-fascistes d'allemagne pour cet excellent travail, pour lequel ils et elles ont dû risquer gros!

Continuons la lutte!

Défendons notre quartier contre la vermine raciste et fasciste!"