mardi 25 novembre 2008

Du sable dans la plaie : les pensionnats autochtones

L’article ci-dessous traitera des pensionnats autochtones, seules écoles auxquelles les autochtones ont été confiné(e)s durant près d’un siècle au Canada. Il témoigne de l’influence idéologique (ici, le colonialisme) qui peut teinter l’organisation scolaire d’un groupe spécifique à l’intérieur de la société.


L’histoire des pensionnats autochtones s’inscrit dans le contexte et les modes de pensée de la colonisation des Amériques, notamment par la France et l’Angleterre. Voyons d’abord quelques faits sur le phénomène. Au Canada, plus de 100 000 autochtones auraient fréquenté ces établissements à partir de 1831. Ils étaient gérés par les communautés ecclésiastiques et devinrent de responsabilité fédérale en 1867 avec l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.

L’Éducation promulguée par ces institutions était faite dans une idée assimilatrice des nations autochtones(« sortir l’indien en l’enfant »), les considérant arriérées. L’idéologie ("humaniste" et religieuse) qui soutenait les visées éducatives des écoles était implicitement raciste imposant la culture dominante (coloniale) comme seule et unique culture véritable et allant jusqu’à considérer les autres peuples de « races inférieures ». Dans ces institutions, communiquer dans les langues autochtones ou entrer en contact avec les communautés leur était totalement interdit. De très nombreux cas de mauvais traitements et d’agressions physiques, sexuelles et psychologiques ont été rapportés.

En 1876, avec la Loi sur les indiens, tous les enfants autochtones devinrent sous la tutelle du gouvernement, déclenchant l’acculturation des peuples autochtones, dont plusieurs vivaient encore pas mal comme ils vivaient traditionnellement. Le choc de la séparation dès le très jeune âge, en plus des mauvais traitements dans les pensionnats autochtones comptent parmi les principaux facteurs du taux très élevé de problèmes sociaux aujourd’hui observables dans les réserves indiennes. Les portes de ces pensionnats ne furent définitivement fermées que durant les années 1970.

Une trentaine d’année plus tard, le 11 juin 2008, voilà que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, après avoir refuser de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits peuples autochtones, a déclaré des excuses officielles pour les mauvais traitements subis par les autochtones dans les pensionnats. L’excuse n’a rien de véritable pour l’Association des Femmes Autochtones du Québec qui dénonce les politiques contradictoires du gouvernement [1]. À l’approche des Jeux Olympiques de Vancouver et en l’occurrence d’un intense mouvement de contestation, particulièrement chez les autochtones qui dénoncent le Canada comme un état colonialiste, il est tout à fait plausible que par ce geste, le premier ministre voulait attirer l’opinion publique en se montrant favorable aux droits des premières nations sans s’engager à respecter ceux-ci.

Maintenant en 2008, je vous invite, pour terminer, à réfléchir à cette question : Avons-nous réellement appris quelque chose de cette histoire ?


Références:
[1] Femmes Autochtones du Québec, « L’Association des Femmes Autochtones du Québec répond aux excuses du gouvernement Harper », [document en ligne] lu le 2 novembre 2008, http://sisyphe.org/spip.php?article3007

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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