Voici aujourd'hui un texte pêché sur le site web du Syndicat des employés d'énergie électrique qui m'apparait assez instructif dans le contexte actuel. Scepter, une entreprise de Chicoutimi traitant les résidus des producteurs d'aluminium, notamment Rio Tinto-Alcan, est en grève générale illimitée depuis le 8 février 2008. Au mois de Juin, après que les travailleurs de l'usine aient rejeté massivement (94%) l'offre patronale, les dirigeants américains ont affirmé leur volonté de fermer l'usine durant les prochaines semaines. Les travailleurs/euses des entreprises tournant autour d'Alcan sont aux prises avec les logiques de Capitalisme sauvage que leur impose la multinationale et leurs conditions de travail sont menacées. Voici un texte intéressant sur le sujet, dont une section est, entre autres, consacrée au cas de Scepter.
Agissement d'Alcan face aux PME de la région Saguenay-Lac-St-Jean
- extrait de texte du: Syndicat des employés d'énergie électrique Québec
"1. ENCHÈRE INVERSÉE (ENCAN À L’ENVERS)
Explication d’un représentant syndical d’une PMO.
Encan à l’envers sur Internet : système adopté par Alcan pour saigner à blanc les PME de la région.
Qu’est-ce un encan à l’envers?
Le mot le dit bien, c’est l’envers du bon sens. C’est une nouvelle manière supposément moderne d’aller en appel d’offre. Tout d’abord, Alcan sélectionne certains fournisseurs, les informe sur le type de produit à soumissionner pour un contrat à long terme sur lesquels il faudra faire la mise et les invite à une date précise à s’enregistrer sur Internet pour participer en direct à cette forme d’encan. Les enjeux sont faussés en partant, puisque Alcan fixe le prix plancher (de départ) qui est généralement inférieur au prix actuel du marché. Certains fournisseurs, voulant avoir le contrat à tout prix par manque de commande, font baisser la mise, même si la rentabilité n’est pas au rendez-vous. D’autres le font à rabais pour démontrer dans un coup de marketing qu’ils sont très performants et très concurrentiels. Le seul véritable gagnant à court terme de cette machination infernale, c’est Alcan qui fait des économies sur le dos des fournisseurs régionaux.
À l’encontre d’une grande tradition d’affaire
En agissant de la sorte, Alcan va aussi à l’encontre d’une grande tradition d’affaire au Québec et reconnu dans le monde entier où le processus d’un appel d’offre est réalisé sous le signe de la confidentialité afin qu’aucun élément extérieur ne vienne interférer entre l’offre et le choix discrétionnaire par le client du meilleur fournisseur, tenant compte du prix, mais aussi de la qualité de l’offre. Les règles du jeu sont en train de changer complètement à Alcan depuis qu’ils adoptent graduellement l’encan à l’envers sur Internet pour faire soumissionner leurs fournisseurs qui sont aussi les PME de la région. Fini le partenariat et la croissance de fournisseurs faisant des efforts pour offrir des produits à un prix raisonnable et avec une qualité soutenue. Ce système, s’il est généralisé, conduira à la disparition de PME qui offrent des conditions de travail raisonnables à leurs employés(es), un bon programme de santé/sécurité, un système de qualité reconnu et une structure suffisamment solide pour assurer une fiabilité dans l’approvisionnement.
Comportement sans aucune éthique
Ce type d’encan va favoriser à court terme des fournisseurs qui veulent fabriquer pour Alcan à un prix toujours en deçà du prix du marché, mettant en péril la survie de leur entreprise à moyen et à long terme et éliminera graduellement les entreprises bien établies. L’encan à l’envers, c’est purement et simplement une exploitation à outrance de nos PME et un système dévalorisant qui s’inspire d’un comportement capitalisme débridé, sans aucune éthique, totalement inacceptable d’une multinationale qui profite allègrement de nos ressources régionales.
Nous devons créer un grand mouvement de protestation, impliquer différents organismes, afin de faire pression pour que cesse ce système régressif et de mouroir pour PME et qui aura des conséquences graves pour nos petites entreprises génératrices de bons emplois.
Problèmes syndicaux
L’encan à l’envers a comme conséquence de mettre en péril plusieurs PME régionales syndiquées, la perte d’emploi ou la diminution des conditions des travailleurs.
Exemple: Contrat de 800 000,00 $ (récupération) :
Coût de main-d’oeuvre (entreprise syndiquée de 25 personnes) : 920 400,00 $
Coût de main-d’œuvre (entreprise non-syndiquée de 25 personnes : 572 000,00 $
Il devient difficile pour une entreprise syndiquée de rivaliser.
Dans l’octroi de tels contrats, Alcan ferme les yeux sur des éléments (sécurité, qualité, etc.) et ne considère que le coût à court terme; l’entrepreneur ne peut expliquer sa stratégie, son expertise, etc.
Alcan est membre de Quadrem (USA) qui est composé des 21 plus grandes entreprises des secteurs minier, minéralogique et métallurgique. Le programme " Partner connect " permet de mettre en contact les acheteurs et fournisseurs.
Le discours public d’Alcan est contraire à la réalité; c’est le retour du capitalisme sauvage (américanisation). Fini le partenariat! Certaines entreprises vont participer à l’encan et soumissionner à perte pour mettre le pied chez Alcan.
Ceux qui écopent en première ligne, sont les travailleurs qui travaillent à petit salaire, sans sécurité d’emploi et dans des conditions de travail déplorables.
En 2002, une levée de bouclier de l’ACQ avait permis de mettre à jour les agissements d’Alcan; trois entrepreneurs ont refusé ce type d’enchère. Ça n’a pas duré.
L’encan à l’envers d’abord utilisé pour les contrats de construction s’est étendu au contrat annuel d’entreprises non spécialisées et depuis peu, aux entreprises spécialisées (ateliers d’usinage, etc.), ayant des contrats renouvelables depuis des années.
Une conséquence est la création d’entreprises " champignon " non-syndiquées qui font des affaires pendant 1 ou 2 ans et qui ferment leurs portes, ajoutant à la précarité des emplois régionaux.
Une autre conséquence à moyen terme est l’octroi de contrats à l’extérieur de la région.
Onze (11) contrats auraient été donnés selon l’enchère inversée en 2003 et Alcan veut augmenter le nombre à vingt (20) en 2004.
Selon le responsable des achats Alcan (Bruno Bouchard), c’est la nouvelle façon de faire face à la mondialisation. Pour lui, dix (10) PME naissent et s’éteignent chaque jour dans la région; on fait ce qu’on a à faire, dit-il, " arrangez-vous " ..."
- Syndicat des employés d'énergie électrique Québec
1 commentaire:
Super intéressant comme article. Le lien vers le texte de la seeeq n'est plus disponible. Pourriez-vous le mettre à jour? Merci!
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