
Tiré de Le Monde libertaire du 8 au 14 mai 2008 :
"C’est un fait, vous êtes, aujourd’hui, les maîtres du Monde !
Vous avez tous les pouvoirs. Celui de la force. Celui de l’argent. Celui du contrôle des populations. Celui de l’argent. Celui de la marchandisation, à votre profit, des choses et de a vie.
Ici, là et ailleurs, vous êtes les seigneurs et nous sommes vos serfs ! Et, pour la plupart d’entre nous, des serfs avec, dans la tête, la laisse de vos valeurs (loi du plus fort, individualisme, obsession du paraître, un estomac à la place du cœur…) Et vous avez même réussi à nous faire croire que si nous étions des serfs c’était de notre faute. Car, c’est sûr au royaume du capitalisme, tous les serfs ont leur chance (toute petite) pour devenir des capitalistes !
En un mot comme en cent vous nous avez niké sur toute la ligne !
Oh, bien sûr, ça a mis du temps. Spartacus vous a fait vaciller. Comme la révolte des Croquants. La Révolution de 1789. La Commune de Paris. Les mutineries de 14-18. La Révolution russe. Le Front populaire. La révolution libertaire espagnole de 1936. Mai 68. Le sous-commandant Marcos… Mais à chaque fois vous avez su y faire. Jadis, le bâton. Aujourd’hui, toujours le bâton, mais seulement après l’échec (rare) de la carotte. Et, donc, vous croyez que vous êtes tout, que vous avez tout et que vous contrôlez tout !
Et, pourtant, vous commencez à avoir peur !
A force de piller les biens communs que sont l’air, l’eau, les ressources naturelles (que votre cécité vous a fait croire éternelles et inépuisables), vous en êtes arrivés à détruire les conditions même de la vie sur la planète. C’est-à-dire à remettre en question les conditions de votre propre survie. Car, c’est incroyable, la fonte des pôles, le réchauffement climatique, le pourrissement de l’air et de l’eau, la fin des ressources naturelles ayant mis des millions d’années à se constituer, l’appauvrissement des sols, la désertification galopante, le cancer de l’urbanisation, les pauvres qui se reproduisent comme des lapins… ne vont pas épargner les riches !
Alors, à quoi bon des châteaux, des comptes en banque, des serfs… quand l’air et l’eau seront pourris, quand il n’y aura plus rien à bouffer que de la merde, quand l’argent ne permettra plus d’acheter ce qu’il n’y aura plus, quand le pouvoir, n’aura plus aucune matérialisation, quand les jacqueries seront de chaque jour, et quand vous et vos enfants allez, comme nous, crever la gueule ouverte ?
Dur, dur, que d’être les maîtres du monde d’un monde en train d’imploser, et donc, à court terme, les maîtres de rien, si ce n’est du cimetière que vous êtes en train de construire !
Jean-Marc Raynaud"