jeudi 27 novembre 2008

Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste

Le Devoir de philo - Jean-Jacques Rousseau serait abstentionniste (Le Devoir)
Francis Dupuis-Déri, Professeur au département de science politique de l'UQAM
Édition du samedi 09 et du dimanche 10 juin 2007


«À l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre ; il n'est plus», écrivait le philosophe

La philosophie nous permet de mieux comprendre le monde actuel: tel est un des arguments les plus souvent évoqués par les professeurs de philosophie pour justifier l'enseignement de leur matière au collégial. Le Devoir leur a lancé le défi, non seulement à eux mais aussi à d'autres auteurs, de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un grand philosophe. Nous publions ici leur «devoir de philo», dont voici le dernier de la saison.

Au printemps 2007, deux élections présidentielles ont été marquées par des taux de participation très contrastés. En France, environ 85 % des inscrits aux listes électorales ont exprimé leur suffrage. Au Mali, le taux de participation n'était que de 36 %. Quant au Canada et au Québec, si la tendance se maintient, seulement 70 % des adultes inscrits sur les listes électorales voteront lors des prochaines élections. Le taux d'abstention était en effet de 29 % aux élections québécoises du 26 mars dernier, si on ne compte que les adultes inscrits. Lorsqu'on comptabilise l'ensemble des adultes en droit de voter et non seulement les inscrits sur les listes électorales, le taux d'abstention atteint en général 50 % au Canada et aux États-Unis.

La relecture de Jean-Jacques Rousseau peut aider à comprendre ce phénomène, car ce philosophe propose une des critiques les plus acerbes du processus électoral, mis à part, bien sûr, celles des auteurs anarchistes, qu'il précède et annonce.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que des philosophes critiquent le système électoral puisqu'ils se targuent souvent de savoir dégager la vérité par la raison. Or c'est la force du nombre et non de la raison qui fait le résultat d'une élection et la majorité peut se tromper en ce qui a trait au bien et au bon.

Rousseau, dont la pensée n'est pas toujours cohérente à ce sujet, critique pour sa part l'élection non pas en affirmant que le peuple est fondamentalement irrationnel mais plutôt dans le cadre de sa dénonciation de l'élitisme et des inégalités entre les hommes (mâles).

Dans son ouvrage Du contrat social, Rousseau laisse entendre que c'est lorsqu'il cède son pouvoir à des dirigeants par le biais d'élections que le peuple fait preuve d'irrationalité. Évoquant l'Angleterre de son époque, où les hommes pouvaient élire les membres de la Chambre des communes, il explique que la «souveraineté ne peut être représentée», pas plus que la «volonté générale», avant d'ajouter, cinglant: «Le peuple anglais pense être libre; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde.»

Les critiques que propose Rousseau de la représentation politique influenceront de nombreux activistes des mouvements populaires lors de la Révolution française. Ainsi, John Oswald, un Écossais qui se rend en France pour participer à la révolution et s'y faire tuer par des contre-révolutionnaires, signe un pamphlet intitulé Le Gouvernement du peuple, dans lequel il s'approprie les idées de Rousseau contre la représentation électorale. «Être libre, c'est vivre selon sa volonté; vivre selon la volonté d'un autre, c'est être esclave», déclare-t-il.

Il explique ensuite que «la représentation est le voile spécieux à l'ombre duquel se sont introduits tous les genres de despotisme», les uns se prétendant représentants de la lune, les autres du soleil ou des ancêtres, puis finalement de la nation.

Ces prétendus représentants de la nation ne la déclarent souveraine que dans la mesure où elle abdique cette souveraineté à leur profit, qu'elle la leur confie («Voilà le grand secret de la représentation!»). Or, rappellent Rousseau puis Oswald, cette représentation n'est toujours qu'une «fiction» relevant d'une pensée magique et malheureusement héritée du Moyen Âge féodal, d'où nous viennent les parlements institués alors par les rois pour les aider à lever taxes et impôts.

L'abstentionnisme philosophique

La relecture de Rousseau et de ses continuateurs révèle donc que l'abstentionnisme peut se justifier, au nom de la liberté et de l'égalité, dans le cadre de la tradition de la philosophie politique occidentale. Certes, les sciences sociales ont proposé diverses thèses mécaniques pour expliquer l'abstentionnisme dans les régimes libéraux contemporains.

Des études révèlent qu'on retrouve les plus forts contingents d'abstentionnistes dans les segments de la population les plus défavorisés et marginalisés, précisément parce qu'on y sait très bien que les élus, presque tous issus des classes supérieures, ne représentent pas leurs intérêts.

D'autres analyses indiquent que les politiciens eux-mêmes sont responsables du haut taux d'abstentionnisme en raison de la corruption endémique et des promesses non tenues qui minent la crédibilité de l'élite politique.

Pour certains, enfin, il est rationnel du point de vue individualiste de ne pas se déplacer pour aller voter dans la mesure où un vote individuel a un effet infinitésimal, voire nul, sur le résultat global du scrutin.

Au-delà de ces considérations sociologiques, la tradition de la philosophie politique occidentale propose, de Platon à Rousseau, de considérer l'élection comme une pratique aristocratique plutôt que démocratique. Dans son Projet de constitution pour la Corse, Rousseau rappelle ceci: «Quand l'autorité suprême est confiée à des députés, le Gouvernement [...] devient aristocratique.» Des trois types de régimes purs, soit la monarchie (un seul gouverne), l'aristocratie (une minorité gouverne) et la démocratie (la majorité ou la totalité gouverne), l'élection relève bel et bien de l'aristocratie puisqu'elle offre la gouverne à une minorité.

Au Québec, il s'agit même d'une minuscule clique de 125 personnes qui, seules, siégeront à l'Assemblée nationale. Cette aristocratie est «élective» plutôt qu'héréditaire, mais elle reste tout de même aristocratique, selon Rousseau. Si cette aristocratie élue se contentait d'exécuter les lois produites lors de délibérations par le peuple assemblé, ce dernier pourrait encore être considéré comme souverain, donc libre. Mais quand l'aristocratie seule exécute des lois qu'elle a elle-même produites, alors le peuple est esclave. Qu'il choisisse ses maîtres n'y change rien.

Le Directeur général des élections du Québec (DGE) bataille fort pour fouetter l'ardeur des électeurs potentiels. Il a ainsi consacré sept millions de dollars à une campagne d'information auprès des électeurs pour le scrutin de mars dernier au Québec. Au-delà de cette dépense ponctuelle considérable, le DGE produit et propose un ensemble de documents de propagande pro-électorale à l'intention des élèves des écoles secondaires.

Il offre gratuitement, en collaboration avec le ministère de l'Éducation, du matériel pour organiser les élections des conseils d'élèves, soit des répliques à l'identique des urnes électorales, des isoloirs, un Guide de l'électeur et de l'électrice, des dépliants et des banderoles pour convaincre les jeunes que voter est l'acte citoyen le plus important dans lequel réside le pouvoir politique.

Le DGE, qui considère l'élection d'un conseil comme «une activité de formation», cherche à convaincre les jeunes que «l'électeur est l'acteur central du système électoral». Ce discours escamote néanmoins deux réalités banales, soit que c'est l'élu et non l'électeur qui détient vraiment le pouvoir et qu'il existe diverses conceptions plus participatives de la politique et de la démocratie. (Pour une analyse détaillée du discours du DGE, voir mon article: «Les élections de conseils d'élèves», Revue des sciences de l'éducation, volume 32, n° 3, 2006.)

Le DGE a même sommé la coalition abstentionniste «Nous, on vote pas!» de fermer son site Internet (www.nousonvotepas.org). Cette coalition avait été formée à l'hiver 2007 par des organisations anarchistes basées au Québec, soit la Fédération des communistes libertaires du nord-est (NEFAC) et le Réseau anarchiste en milieu étudiant (RAME).

Les anarchistes, qui aspirent à une égalité véritable et fonctionnent en principe sans chef(s) dans leurs propres organisations, partagent une vision très critique des élections, qui impliquent nécessairement des dominants (les élus) et des dominés (les autres).

Le site Internet de la coalition proposait divers documents abstentionnistes, dont des textes classiques et contemporains d'anarchistes critiquant les élections, ainsi qu'un journal intitulé L'Urne, en première page duquel on pouvait lire ce slogan provocateur: «Nous étions dans la rue, le pouvoir tremblait... nous allons voter, le pouvoir est rassuré!»

Or le site contrevenait aux dispositions de la Loi électorale, qui stipule qu'un «électeur ou un groupe d'électeurs doit impérativement obtenir une autorisation» du DGE pour «prôner l'abstention ou l'annulation du vote»! Forcer des anarchistes à s'enregistrer auprès du DGE, voilà un paradoxe politico-bureaucratique qu'aurait apprécié le romancier Franz Kafka...

Quant à Rousseau, il aurait sans doute qualifié l'attitude du DGE de censure illégitime. Rousseau expliquait en effet, toujours dans Du contrat social, que la censure peut être légitime si elle émane de l'opinion publique et correspond aux choix et aux moeurs du peuple. À l'inverse, il serait vain et illégitime qu'une autorité censure des choix ou des comportements qui relèvent de la volonté générale. La censure, dit Rousseau, «peut être utile pour conserver les moeurs, jamais pour les rétablir».

Or le DGE devrait admettre ce qui pour lui est sans doute inadmissible, soit que l'abstentionnisme relève de moeurs politiques communément partagées par 50 % des adultes en droit de voter. En bref, le contingent des abstentionnistes obtient le plus souvent la majorité simple lors des élections, battant en nombre les électeurs du parti élu, qui prétend ensuite représenter l'ensemble de la nation.

Démocratie: liberté et égalité

S'il rejette les élections, Rousseau explique à plusieurs occasions dans son oeuvre que la liberté politique n'existe que lorsque le peuple s'assemble pour délibérer et produire les lois qui le gouvernent. Mais peut-on aujourd'hui vivre en démocratie (directe)?, ripostent les personnes qui espèrent se convaincre, par cette dérobade, que la liberté et l'égalité restent possibles sous le règne d'une aristocratie élue.

Rousseau connaissait bien ce type de réaction: «Le peuple assemblé, dira-t-on! Quelle chimère! C'est une chimère aujourd'hui, mais ce n'en était pas une il y a deux mille ans (à Athènes, par exemple). Les hommes ont-ils changé de nature?» En tout cas, plusieurs d'entre eux ont assurément réduit leurs normes de liberté, et même d'égalité, se croyant libres et égaux alors qu'ils se nomment eux-mêmes des maîtres.

La critique de l'élection de Rousseau est liée à deux idées maîtresses. D'abord, la liberté politique n'est possible que dans de petites entités politiques. Ensuite, elle va de pair avec une certaine égalité économique, laquelle évite «que nul citoyen ne soit [...] assez pauvre pour être contraint de se vendre».

La démocratie sous sa forme directe

C'est ici, particulièrement, que Rousseau annonce les propos des anarchistes abstentionnistes d'aujourd'hui, qui favorisent à la fois l'autogestion et la lutte anticapitaliste. C'est seulement si cette condition d'égalité économique est remplie que «le plus grand bien de tous» devient possible à réaliser, soit une liberté et une égalité véritables. Celles-ci sont inconcevables dans un régime électoral qui produit par définition une inégalité entre des gouvernants et des gouvernés.

Aux yeux de Rousseau -- et les anarchistes d'aujourd'hui ne disent pas autre chose --, il n'y a de démocratie que sous sa forme directe, laquelle d'ailleurs encourage la participation citoyenne bien plus que le processus électoral puisque c'est au fil des délibérations du peuple que la véritable éducation politique se forge.

Contre Rousseau et les anarchistes d'aujourd'hui se mobilisent bien des acteurs sociaux, dont des figures publiques. L'animateur Bernard Derome, par exemple, déclarait sur les ondes de Radio-Canada, le soir des élections fédérales de 2004, que le taux d'abstention «n'est pas très édifiant». Jacques Moisan, l'animateur du débat des chefs de parti lors des élections provinciales de mars 2007, concluait le spectacle en affirmant d'un ton solennel que voter n'est pas seulement «un droit», c'est surtout une «responsabilité».

Plus philosophique, le DGE propose des slogans envoûtants lors des campagnes électorales, comme «Je pense, je vote!» ou «Je m'exprime, je vote!» Voilà qui présente l'abstentionnisme comme relevant de la non-pensée, de la non-expression, du non-être. Relisant Rousseau, un abstentionniste aujourd'hui pourrait toutefois retourner le compliment: «Je pense et je m'exprime, donc je m'abstiens!»

Cette idée ferait écho à Oswald, pour qui «déléguer à autrui le soin de penser pour nous nous fait insensiblement désapprendre à penser tout à fait». Et à Rousseau, bien sûr, selon qui les électeurs incarnent le non-être: «À l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre; il n'est plus.»

mardi 25 novembre 2008

Du sable dans la plaie : les pensionnats autochtones

L’article ci-dessous traitera des pensionnats autochtones, seules écoles auxquelles les autochtones ont été confiné(e)s durant près d’un siècle au Canada. Il témoigne de l’influence idéologique (ici, le colonialisme) qui peut teinter l’organisation scolaire d’un groupe spécifique à l’intérieur de la société.


L’histoire des pensionnats autochtones s’inscrit dans le contexte et les modes de pensée de la colonisation des Amériques, notamment par la France et l’Angleterre. Voyons d’abord quelques faits sur le phénomène. Au Canada, plus de 100 000 autochtones auraient fréquenté ces établissements à partir de 1831. Ils étaient gérés par les communautés ecclésiastiques et devinrent de responsabilité fédérale en 1867 avec l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.

L’Éducation promulguée par ces institutions était faite dans une idée assimilatrice des nations autochtones(« sortir l’indien en l’enfant »), les considérant arriérées. L’idéologie ("humaniste" et religieuse) qui soutenait les visées éducatives des écoles était implicitement raciste imposant la culture dominante (coloniale) comme seule et unique culture véritable et allant jusqu’à considérer les autres peuples de « races inférieures ». Dans ces institutions, communiquer dans les langues autochtones ou entrer en contact avec les communautés leur était totalement interdit. De très nombreux cas de mauvais traitements et d’agressions physiques, sexuelles et psychologiques ont été rapportés.

En 1876, avec la Loi sur les indiens, tous les enfants autochtones devinrent sous la tutelle du gouvernement, déclenchant l’acculturation des peuples autochtones, dont plusieurs vivaient encore pas mal comme ils vivaient traditionnellement. Le choc de la séparation dès le très jeune âge, en plus des mauvais traitements dans les pensionnats autochtones comptent parmi les principaux facteurs du taux très élevé de problèmes sociaux aujourd’hui observables dans les réserves indiennes. Les portes de ces pensionnats ne furent définitivement fermées que durant les années 1970.

Une trentaine d’année plus tard, le 11 juin 2008, voilà que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, après avoir refuser de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits peuples autochtones, a déclaré des excuses officielles pour les mauvais traitements subis par les autochtones dans les pensionnats. L’excuse n’a rien de véritable pour l’Association des Femmes Autochtones du Québec qui dénonce les politiques contradictoires du gouvernement [1]. À l’approche des Jeux Olympiques de Vancouver et en l’occurrence d’un intense mouvement de contestation, particulièrement chez les autochtones qui dénoncent le Canada comme un état colonialiste, il est tout à fait plausible que par ce geste, le premier ministre voulait attirer l’opinion publique en se montrant favorable aux droits des premières nations sans s’engager à respecter ceux-ci.

Maintenant en 2008, je vous invite, pour terminer, à réfléchir à cette question : Avons-nous réellement appris quelque chose de cette histoire ?


Références:
[1] Femmes Autochtones du Québec, « L’Association des Femmes Autochtones du Québec répond aux excuses du gouvernement Harper », [document en ligne] lu le 2 novembre 2008, http://sisyphe.org/spip.php?article3007

jeudi 20 novembre 2008

Menace de squat écartée par le CA de Loge m'entraide

Trois bâtiments scolaires de Chicoutimi risquent d'être prochainement démoli comme l'a annoncé la présidente de la Commission scolaire des Rives du Saguenay durant le mois d'octobre. Loge m'entraide a dès lors proposé la récupération des bâtiments existants en logements sociaux. Un peu plus récemment, des militant(e)s de Loge m'entraide avait proposé de squatter les bâtiments pour en empêcher la destruction. Les deux communiqués suivant en disent plus long.


28 octobre :

« S’IL LE FAUT, NOUS IRONS SQUATTER

AVEC LES AUTRES SQUATTERS POUR ÉVITER

LA DÉMOLITION », S’EXCLAME SONIA CÔTÉ

Devant l’idée de démolir 3 bâtiments scolaires situés dans le secteur de Chicoutimi tels que le Centre Valin, l’Atelier et l’École St-Jean-Baptiste, annoncée par la présidente de la Commission scolaire des Rives du Saguenay la semaine dernière, Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide a demandé le 21 octobre 2008, une rencontre de toute urgence pour récupérer ces immeubles et les convertir en 24 logements sociaux.

Ce qui fait craindre le pire à Mme Côté, c’est le fait de ne pas avoir reçu encore de nouvelle de la présidente : « Le mutisme de la Commission scolaire n’est absolument pas de mise actuellement puisque le temps joue contre nous ! Avouons que cela ne démontre pas un très grand intérêt de la part de la CSRS à sauver ces 3 immeubles d’une démolition qui s’avère presque certaine ! ».

Histoire

Rappelons qu’en juin 2005, Loge m’entraide avait fait des démarches pour acquérir ces 3 immeubles. En décembre 2005, Loge m’entraide a déposé au directeur des ressources matérielles de la Commission scolaire une Étude de viabilité, des Plans et devis, une promesse d’achat de 20 000 $ et une lettre du Maire Jean Tremblay qui offrait son entière collaboration pour aider à fonder ce futur projet de coopérative d’habitation.

Loge m’entraide était alors prêt à enclencher les démarches pour fonder les 24 logements sociaux mais la Commissions scolaire a alors retardé le processus jusqu’en août 2006, permettant ainsi à un autre promoteur d’acquérir ces 3 immeubles pour 75 500 $.

Acheter des immeubles est irréaliste

Pour Mme Côté, une des raisons qui fait que le promoteur a échoué est en lien avec l’offre d’achat amputant dès le départ la viabilité du projet : « Pour réussir à fonder des Coopératives d’habitation, nous devons obtenir une contribution du milieu, c'est-à-dire des partenaires qui acceptent au nom de la lutte à la pauvreté, de se départir de leurs bâtiments à moindre coût sans quoi, les projets deviennent quasi impossible à fonder ! ».

Sonia Côté nomme deux exemples pour venir soutenir cette analyse : « Deux cessions d’immeubles scolaires pour la modique somme de 1.00 $ auront permis à Loge m’entraide de fonder 20 logements sociaux dans l’ancienne école St-Philippe de l’arr. Chicoutimi en juin 2005 et d’en fonder 27 autres en octobre 2008 dans l’ancienne école St-Alfred de l’arr. Jonquière ».

Squatter s’il le faut

Sonia Côté promet de faire tout en son pouvoir pour éviter cette démolition. Elle conclut: « S’il le faut, nous irons squatter avec les autres squatters jusqu’à ce que la Commission scolaire recule devant la démolition »."


11 novembre :

"La menace de squat écartée par le

Conseil d’administration de Loge m’entraide

LÉGALITÉ ET SÉCURITÉ

AU CŒUR DE LA DÉCISION

Après avoir analysé toutes les stratégies pour sauver les 3 immeubles scolaires menacés de démolition dans le secteur Nord de Chicoutimi, les membres du Conseil d’administration de Loge m’entraide ont pris la décision d’écarter la menace du squat.

En effet, en compagnie de la coordonnatrice de Loge m’entraide Sonia Côté, les membres du Conseil d’administration ont tenu une réunion spéciale mardi soir (11 novembre) pour décider oui ou non de mettre à exécution leur menace de squatter les immeubles Valin, l’Atelier et l’école St-Jean-Baptiste pour les sauver d’une démolition certaine.

Quatre raisons ont mené à cette décision

Selon Sonia Côté, voici les 4 raisons majeures qui ont fait en sortes d’en arriver à écarter le squat :

  1. « À court terme, cette désobéissance civile ne donnera pas les fruits escomptés car le temps que nous prendrons à squatter les bâtiments nous ampute pour organiser d’autres actions avant le 21 novembre, jour des soumissions »

  1. « La meilleure stratégie dans ce contexte particulier est d’agir légalement, dans le respect de la loi et de façon pacifique à la fois pour ne pas nuire à la cause et pour éviter que nos militants fassent face à des poursuites criminelles »

  1. « N’étant plus une menace maintenant pour la Commission scolaire, nous croyons que l’argent des contribuables sera plus profitable dans leur coffre que de la dépenser pour payer un gardien jour et nuit »

  1. « En entrant dans un immeuble par infraction, il y a des risques de blessures et la santé de nos militants est trop précieuse pour risquer des conséquences physiques qui pourraient être sérieuses».

Courrier Express à la Ministre de l’Éducation

L’action qui a été privilégiée par les membres du Conseil de Loge m’entraide est de réclamer une intervention immédiate de la Ministre de l’Éducation pour stopper le processus de démolition. Loge m’entraide postera mercredi matin une lettre par courrier Express à la Ministre de l’Éducation pour qu’elle ordonne à la Commission scolaire de stopper les travaux de démolitions malgré les soumissions des entrepreneurs qu’elle recevra le 21 novembre.

Loge m’entraide informera aussi par écrit la Ministre de l’Éducation que cette démolition coûtera aux contribuables plus de 250 000 $. Avec l’expertise d’architectes et du GRT avec qui nous travaillons en partenariat, nous avons la conviction que 2 des 3 bâtiments ( Centre Valin et l’Atelier ) sont des immeubles en bon état puisque dans un cas, la structure est faite d’acier et les planchers en béton, et dans l’autre, cette construction date d’environ 15 ans tout au plus.

Taux d’inoccupation à 1,8 %

Loge m’entraide croit dur comme fer, appuyé par les architectes et les experts dans le dossier, que le Centre Valin et l’Atelier sont des immeubles en bon état et qu’il n’y a aucune raison de les démolir. Sonia Côté: « Dans un contexte où le taux d’inoccupation des logements à Saguenay est à 1,8 % ce n’est pas le temps de démolir mais bien de construire ».

Sonia Côté espère que la Commission scolaire n’a pas l’intention de céder les terrains à des promoteurs privés pour des fins de condos de luxe : « La Commission scolaire doit garder son intention première qu’est de combattre la pauvreté en permettant la construction de logements sociaux sur ces terrains si la démolition s’avère réaliste ». "